Une importante manifestation de mineurs, estimée à 10000 personnes, a eu lieu jeudi 11 septembre à Varsovie, pour protester contre la fermeture de plusieurs mines de charbon.

Ces fermetures de mines, annoncées au printemps dernier, avaient été suspendues, et soumises à une expertise, juste avant le référendum de juin dernier sur l'entrée de la Pologne dans l'Union européenne. Le référendum passé, revoici les fermetures de mines, cette fois-ci annoncées comme fermes et définitives.

Autant dire que cela a suscité la colère des mineurs dans les quatre mines concernées qui comptent plus de 8000 salariés. Ils ont multiplié les actions et, avant la manifestation de Varsovie, ont organisé une très forte manifestation à Katowice, au coeur de la région minière.

Depuis 1989, les mineurs de charbon sont frappés par les licenciements. Dans certaines petites villes minières, d'où des cortèges sont partis à pied pour la manifestation de Katowice, le chômage atteint 30% de la population active. Le nombre des mineurs dans les mines de charbon, qui étaient plus de 400000 en 1989, est désormais à 146000 et les trois dernières années ont été les pires pour le nombre de licenciements.

Le charbon permettait à la population polonaise de se chauffer à un faible coût. C'est de moins en moins vrai. Les charges pour les logements explosent, entre autres, avec la facture de chauffage de plus en plus lourde. Et le chômage qui augmente et le niveau de vie qui s'effondre contribuent au naufrage économique de la population.

Mais cela n'est pas un drame pour tout le monde. Dans le bulletin d'information du ministère des Affaires étrangères de Pologne, on peut lire que "les mines polonaises se portent mieux", que "la rentabilité dégagée sur la vente de la houille a plus que triplé", et qu'"il s'agit de faire en sorte que le secteur minier puisse être compétitif sur le marché polonais face aux fournisseurs étrangers de charbon", tout cela s'inscrivant dans le programme de restructuration du secteur énergétique en vue de l'entrée de la Pologne dans l'Union européenne. Des profits au prix de l'effondrement des conditions de vie de la population, voilà une logique du profit que les mineurs ont bien raison de refuser.