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Leur société
Esclaves à Paris
La libération à l'aéroport du Bourget d'une domestique esclave, Anaby, révèle une réalité présente encore, en ce début de XXIe siècle.
Originaire des Philippines, Anaby travaillait sans être payée, ne dormant que deux heures par nuit, pour une princesse de la famille royale saoudienne. Alertée par une association de lutte contre l'esclavage, la gendarmerie du transport aérien a libéré in extremis la jeune femme alors que ses maîtres s'apprêtaient à la ramener à Riyad dans leur jet privé.
Le Comité contre l'esclavage moderne estime le nombre des esclaves domestiques à plusieurs centaines rien qu'à Paris et à plusieurs milliers en Europe, notamment à Londres, Genève ou dans d'autres capitales. Il dénonce: "Ces esclaves-là (qui) ne voyagent plus dans des navires négriers, mais en avion avec leurs maîtres. Ils ne sont plus vendus aux enchères sur les marchés mais recrutés par des agences de placement à Koweit-City ou Beyrouth." Originaires d'Indonésie, des Philippines ou d'Afrique pour la plupart, ils font partie des bagages d'hommes d'affaires libanais, de princesses arabes qui font leurs emplettes dans les magasins de luxe parisiens, de membres d'ambassades africaines.
Dans le cas d'Anaby, la gendarmerie a laissé repartir la princesse saoudienne sans lui demander de comptes ni s'inquiéter des salaires impayés. La police ne s'est pas non plus rendue pour enquête au Plaza Athénée, l'hôtel parisien de quatre-vingts suites qui accueille les émirs ainsi que leur nombreuse main-d'oeuvre sans droits, un hôtel dont le directeur a déclaré qu' "il ne pouvait pas changer le monde".