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Irak : Bush appelle à l'aide
"Tous nos amis n'ont pas été d'accord avec notre décision de faire appliquer les résolutions des Nations Unies et de retirer du pouvoir Saddam Hussein. Mais nous ne pouvons laisser nos divergences passées entraver nos obligations actuelles," a déclaré Bush dimanche 7 septembre dans son intervention télévisée devant les Américains. Il a ainsi renouvelé la demande que les États-Unis avaient faite quelques jours plus tôt à l'ONU d'intervenir en Irak -demande visant notamment l'Allemagne et la France à engager des fonds et des hommes sous commandement américain.
C'est que la situation de l'armée américaine en Irak est de plus en plus critique. Des attaques contre les troupes occupantes ont lieu chaque jour. Chaque jour des soldats américains laissent leur vie sur le sol irakien. Le mécontentement croît dans la population américaine elle-même qui voudrait voir revenir ses soldats; et le gouvernement américain voudrait éviter d'avoir à envoyer plus d'hommes et de s'enfoncer encore un peu plus dans ce qui apparaît déjà comme un véritable bourbier.
Alors, depuis des semaines, les dirigeants américains multiplient les contacts avec les différents gouvernements occidentaux, ou avec d'autres pays comme la Turquie, l'Inde ou le Pakistan, en vue d'obtenir qu'ils envoient des soldats sur le terrain en Irak et fournissent ainsi un renfort aux troupes américaines.
Naturellement, de la part des États-Unis, cela signifie passer sur des divergences qui s'étaient fait jour au moment de l'intervention en Irak, lorsque Chirac et Shröder notamment avaient refusé d'apporter leur soutien à l'intervention américaine. Mais réciproquement, envoyer des troupes françaises ou allemandes en Irak, même avec la caution d'une résolution de l'ONU, serait de la part de la France et de l'Allemagne reconnaître après coup le bien-fondé de l'intervention américaine pour abattre Saddam Hussein.
Alors, dans ses déclarations, Chirac prend encore quelques distances, disant par exemple qu'il ne se satisfait pas d'un commandement américain sur des forces d'occupation, et qu'il voudrait aussi l'assurance que l'Irak sera rapidement gouverné par "le peuple irakien"... Mais les véritables problèmes ne sont évidemment pas là.
D'ailleurs le ministre français, Villepin, n'a pas rejeté la proposition américaine, puisqu'il a déclaré que la France serait prête à "prendre ses responsabilités". Car, il n'y a jamais eu, en fait, de désaccord fondamental entre les impérialismes américain et français sur l'attitude à avoir vis-à-vis de l'Irak.
Les marchandages ne sont sans doute pas terminés entre les impérialismes européens, l'impérialisme américain et les autres puissances qui pourraient être amenées à intervenir en Irak. Dans les discours, il s'agira sans doute de discussions sur le "droit international", "les droits du peuple irakien", la "démocratie" et le rôle de l'ONU, le développement. Mais pour les dirigeants des grandes puissances, la véritable question est ailleurs.
Ce qui est en discussion pour eux, c'est la part que chaque impérialisme pourra prendre dans l'exploitation pétrolière, dans les marchés de la reconstruction. Ce seront aussi les compensations financières que les différentes puissances pourraient tenter d'obtenir des États-Unis pour venir leur prêter main forte. C'est en fonction de ces discussions que des soldats français, allemands ou bien turcs ou même de pays arabes pourraient être amenés à aller mourir en Irak à la place des soldats américains.
Les dirigeants des différentes puissances, à commencer par Chirac, n'y verraient en fait aucun inconvénient s'ils estimaient que cela peut rapporter suffisamment à leurs finances et aux trusts de leur pays. Quitte à contribuer eux aussi à enfoncer l'Irak et sa population dans un chaos sans issue.