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- Lutte ouvrière n°1827
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SNCF Ligne D (Région parisienne) : - Victoire de la grève des nettoyeurs de La Brenne
Sur la Ligne D du RER, en région parisienne, il y a 46 nettoyeurs qui s'occupent des quais, des halls, des vitres et des bureaux de 53 gares. Vu l'étendue de la zone et puisqu'il y a des gares importantes comme Corbeil, Évry, Melun, Fontainebleau et Montereau, leur tâche est considérable. Or la plupart de ces salariés sont à temps partiel. Et certains passent leur vie dans les trajets.
À titre d'exemple, une personne qui habite dans le nord de Paris peut très bien embaucher dans le sud à 6 heures du matin, arrêter à 9 heures et revenir à 16 heures pour finir sa journée à 19heures! Elle n'est même pas payée au Smic mais doit acheter ses gants et ses vêtements de travail car le patron n'en fournit pas. Et le patron de La Brenne ne verse pas les primes de panier, de salissure, la prime de vacances ni celle de fin d'année puisqu'il applique la convention collective "Entreprise de propreté", plus défavorable aux salariés que celle de la "Manutention ferroviaire".
Il y a quelque temps, les travailleurs de La Brenne ont décidé de réagir. Le 9 mai, une lettre recommandée présentait au patron un cahier de revendications. Faute de réponse, une deuxième lettre fut expédiée le 8 juillet, avec copie à l'Inspection du travail (qui n'a pas bougé, bien que logeant à deux pas de l'entreprise) et à la SNCF, donnant au patron 48 heures pour répondre et le menaçant de grève. Finalement, une rencontre eut lieu le 18 juillet au siège de l'entreprise. La direction leur proposa 12 euros brut d'augmentation, et ajouta "Vous avez raison, mais c'est la SNCF qui ne me paie pas assez".
Finalement, la grève décidée fut suivie par la quasi-totalité des nettoyeurs. Les grévistes s'organisèrent en comité de grève et contrôlèrent l'ensemble des gares concernées pour dissuader d'éventuels briseurs de grève. La grève se vit bientôt sur les quais, et se sentit... la canicule aidant.
La SNCF organisa une opération de nettoyage musclée à Melun, en encadrant une dizaine de nettoyeurs de La Brenne, recrutés pour la circonstance, avec cinq agents de la police ferroviaire (SNCF) et une dizaine de policiers de Melun. Les grévistes présents interpellèrent les nettoyeurs mais la SNCF les fit repousser brutalement. Un agent de la police ferroviaire fit même usage de gaz lacrymogène dans un souterrain, en présence de voyageurs affolés. Deux grévistes se retrouvèrent aux Urgences et le lendemain deux plaintes furent déposées contre La Brenne et la SNCF.
Mais les tentatives de nettoyage cessèrent. Finalement, le mardi 29 juillet, la direction reçut le comité de grève et annonça pour tous le passage à la convention "Manutention ferroviaire", qui se traduit par une prime de vacances équivalente à un demi-mois de salaire (qui couvre à elle seule les jours de grève) et par un 13ème mois en fin d'année. A quoi s'ajoutent deux primes représentant de 40 à 60 euros mensuels. 80% du personnel passe à temps complet et une dizaine d'entre eux reçoit la qualification "ouvrier". Quant aux horaires, ils doivent être réaménagés pour réduire les coupures trop longues.
Pour les grévistes, c'est une victoire contre un patron aux dents longues.