Les manifestations de ces deux dernières années à Paimpol n'auront réussi qu'à faire reculer l'échéance, puisque la maternité a finalement fermé ses portes le 11 juillet dernier, après un dernier sursis de six mois. Cette fermeture entre dans le cadre d'une politique de restriction de crédits dans les services publics, dont celui de la Santé. Elle fait suite à une série déjà longue de fermetures de maternités de proximité.

Après avoir d'abord pris comme prétexte l'insuffisance de gynécologues-obstétriciens et plus généralement de personnel soignant pour justifier ces choix, Mattéi, le ministre de la Santé, s'est ensuite appuyé sur une prétendue baisse des accouchements pour finalement accomplir son forfait au nom de la "sécurité sanitaire".

Concrètement, cela va amener les futures mamans à se déplacer à Saint-Brieuc, Guingamp ou Lannion, là où il y aura de la place pour les accueillir pour accoucher, puis revenir au plus tard 24 heures après à Paimpol pour quelques jours dans l'ex-maternité rebaptisée pour l'occasion "maison périnatale", et qui devrait ouvrir fin juillet. Mais personne aujourd'hui n'est en mesure de dire comment et avec quel personnel cette "maison périnatale" va fonctionner! En effet, que va devenir l'actuel personnel médical, puisque plusieurs actes médicaux ne s'y feront plus, comme par exemple les échographies morphologiques du cinquième mois, la gynécologie et les grossesses présentant une anomalie? Aucun doute que, malgré les promesses, les emplois ne seront pas tous maintenus. Quant aux urgences, elles auront lieu, avec les moyens du bord. Autrement dit, commente amèrement une sage-femme, "j'ai l'impression de me retrouver vingt-cinq ans en arrière, avec des accouchements sur la route".

Mais cette fermeture-ouverture a pourtant permis au maire de Paimpol de plastronner. Il y a quelques mois, il laissait entendre qu'on lui marcherait sur le corps plutôt que de laisser fermer la maternité, multipliant les déclarations fracassantes dans la presse et les prises de parole lors des manifestations. Aujourd'hui, après avoir, à la tête du Conseil d'administration de l'établissement, voté sa fermeture, il se glorifie aussi bruyamment de l'ouverture de cette "maison périnatale" . Notons que ce monsieur, qui avait fait de "l'apolitisme" son fonds de commerce aux dernières élections municipales, se retrouve membre du conseil national de l'UMP.