Le gouvernement Raffarin a décidé qu'à partir du 1er août, le taux de rémunération du livret A sera diminué de 3 à 2,25%. Sur 47 millions de titulaires d'un livret A, certains sont très modestes, puisque la moitié ont moins de 150 euros (1000F) sur ce compte. Avec cette mesure qui concerne aussi la plupart des systèmes d'épargne associés au Livret A, le gouvernement va récupérer 10 milliards d'euros, qui iront certainement alimenter les cadeaux distribués à fonds perdus au grand patronat.

Mais les banques, qui avaient demandé cette mesure depuis longtemps, ne sont pas encore satisfaites puisqu'un compte a échappé à ce hold-up gouvernemental sur l'épargne populaire. En effet le livret d'épargne populaire (LEP) n'est pas concerné et son taux rémunérateur reste de 4,25%. Ce compte est réservé aux plus modestes. Pour en ouvrir un, il faut payer moins de 672 euros d'impôts sur le revenu par an (4500 F). Et, chaque année, l'avis d'imposition du titulaire est vérifié.

Les banquiers, qui attendaient qu'une partie de l'épargne populaire se porte sur les autres produits financiers qu'ils ont à proposer, craignent maintenant qu'une partie des sommes déposées sur le livret A se porte sur le LEP. Eux qui spéculent à longueur d'année avec les dépôts de leurs clients montrent maintenant du doigt les plus pauvres qui pourraient avoir le culot d'aller spéculer sur la différence des taux entre le livret A et le LEP.

Si les pauvres se mettaient à spéculer comme des riches, vraiment ce serait le monde à l'envers! Heureusement pour les banquiers, et malheureusement pour les épargnants intéressés, cette prétendue spéculation n'aura plus cours à partir de l'an prochain, puisque le taux d'intérêt du LEP sera à son tour raccourci.