Guy Degrenne - Vire (Calvados) : Le patron condamné31/07/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/08/une1826.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Guy Degrenne - Vire (Calvados) : Le patron condamné

Le tribunal des prud'hommes de Vire a prononcé, jeudi 17 juillet, la condamnation de Guy Degrenne, principal employeur privé de la ville (l'usine compte aujourd'hui 800 travailleurs), donnant raison à 17 d'entre eux qui ont porté plainte suite à leur licenciement, début 2003. Guy Degrenne est condamné à les réintégrer, à payer 1 600 euros à chacun, plus 150 euros de pénalité par jour de retard à leur réintégration. Le plan de licenciements, nommé sans rire "plan de sauvegarde de l'emploi", a été déclaré non conforme à la loi.

Les licenciements s'étaient faits de façon très choquante. Les ouvriers, à leur poste de travail, avaient éé convoqués par le chef du personnel, qui leur signifiait leur licenciement, leur dispense de travail pendant le mois de préavis, et les faisait quitter l'usine illico. Le patron espérait par ces mesures brutales, même pas conformes à la loi, faire baisser la tête à tout le monde. D'autant que beaucoup d'ouvriers ont des membres de leur famille à l'usine, et qu'il y a toujours la crainte qu'eux aussi soient menacés.

Eh bien Degrenne en a été pour ses frais: sur les 56 licenciés, 17 ont porté plainte, dénonçant le non-respect des procédures légales et l'arbitraire du plan de licenciements.

Etre licencié, c'est de toute façon injuste. Mais là, ceux qui étaient le plus touchés étaient des travailleurs âgés ou malades et certains "gêneurs".

Un grand nombre de travailleurs de plus de 50 ans étaient sur la liste, ce qui les condamnait au chômage jusqu'à la retraite dans une ville qui a connu la fermeture de Valéo (300 emplois) il y a trois ans et dans une région déjà sinistrée par la fermeture de Moulinex. Sur la liste il y avait aussi beaucoup de travailleurs handicapés et cinq syndiqués de la CGT protégés à divers titres. Après que Degrenne a reculé pour un des cinq, les quatre autres licenciements lui ont été refusés par l'inspection du travail.

Illustration des méthodes Degrenne: un travailleur, employé depuis 34 ans, insistant pour savoir sur quel critère il figurait sur la liste, s'est vu répondre, devant témoin, d'abord que la décision était souveraine et qu'on ne lui devait aucune explication, puis finalement qu'il était soi-disant "le plus mauvais régleur" de l'usine, alors que son travail avait toujours été reconnu et qu'on lui avait confié la formation de nombreux jeunes.

C'est aussi ce mépris dans la façon de procéder qui a motivé les travailleurs pour se défendre.

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