Swiss (ex-Swissair) : 3000 suppressions d'emplois11/07/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/07/une1823.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Swiss (ex-Swissair) : 3000 suppressions d'emplois

La compagnie d'aviation Swiss (ex-Swissair) a décidé, fin juin, de supprimer 3000 postes sur un total de 9500 en Suisse. Cette coupe sombre entrera en vigueur en octobre. Elle se traduira par le licenciement de 700 pilotes, 830 hôtesses de l'air, 850 employés dans l'administration, 350 dans la maintenance, 140 à l'assistance au sol et 130 dans le fret.

Mais cette quatrième restructuration en 18 mois de la compagnie helvétique va entraîner une cascade d'autres suppressions d'emplois chez les 160 sociétés sous-traitantes, les fournisseurs et les aéroports de Zurich, Genève et Bâle-Mulhouse.

Ainsi, à l'aéroport bi-national de Bâle-Mulhouse qui emploie à l'heure actuelle 7100 personnes (dont 60% sont des frontaliers français), Swiss prévoit de supprimer 1200 emplois auxquels devraient s'ajouter 1000 autres répartis pour l'essentiel entre Swissport, la compagnie d'assistance au sol qui s'occupe de l'enregistrement des passagers, du transport des bagages et du nettoyage des avions, la société Gate Gourmet, société de restauration de bord, et enfin l'aéroport lui-même. Ces suppressions d'emplois s'ajoutent à de nombreuses autres qui ont déjà eu lieu et à des baisses de salaires survenues à l'automne 2002 et en mai 2003.

Une catastrophe annoncée

Depuis mars 2001, on savait que la multinationale Sair-Group, propriétaire de Swiss, voulait rentabiliser sa compagnie d'aviation en procédant à des baisses de salaires et des licenciements massifs. Les banques Crédit Suisse et Union des Banques Suisses, principaux actionnaires de la compagnie, et initiateurs de cette descente en piqué, avaient menacé qu'un échec de ce plan de restructuration entraînerait une récession économique de tout le pays. Il n'en fallut pas plus pour que l'État suisse mobilise l'opinion pour aller au secours du richissime holding, propriétaire de 15 autres compagnies d'aviation dans le monde ainsi que de multiples sociétés de fret, de restauration, d'hôtellerie ou d'infrastructures, pour un total de 120000 salariés.

L'État et les collectivités territoriales déboursaient 2,5milliards de francs suisses et devenaient les principaux actionnaires de la compagnie d'aviation (20% du capital pour l'État et 18% pour les cantons et municipalités). Mais le pouvoir décisionnaire restait et reste toujours aux sociétés privées.

Un coup de massue pour les salariés

Pour le moment les salariés sont sous le choc. Ce qui ne veut pas dire qu'ils sont prêts à tout accepter, bien que la plupart des syndicats de la compagnie aient dit qu'il fallait savoir faire des sacrifices pour sauver l'essentiel! Les salariés de la compagnie, eux, ont montré qu'ils n'étaient pas dupes. Il y a quelques mois, lorsque Swiss s'est payé pour 200000 à 500000 francs suisses de publication dans les principaux quotidiens du pays en essayant d'y faire figurer en soutien les signatures des 12000 collaborateurs, près de la moitié ont refusé de participer à la mascarade malgré un courrier de leur patron assorti d'un stylo suisse flambant neuf!

Par ailleurs, plusieurs centaines de pilotes du syndicat Swiss Pilots de l'ancienne compagnie Crossair (fusionnée avec Swissair pour faire Swiss) avaient manifesté au printemps à l'aéroport de Bâle-Mulhouse en exigeant une égalité de salaire avec les pilotes de Swissair et avaient obtenu du tribunal arbitral de Bâle que Swiss leur paye des arriérés de salaires depuis avril 2002, soit un montant de 35millions de francs suisses pour 1000 pilotes.

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