Russie-Tchétchénie : Poutine rattrapé à Moscou par sa sale guerre11/07/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/07/une1823.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Russie-Tchétchénie : Poutine rattrapé à Moscou par sa sale guerre

Neuf mois après la prise d'otages du théâtre de la Doubrovka à Moscou, que les forces de sécurité russes avaient "réglée" en massacrant 41 séparatistes tchétchènes et 129 spectateurs ou membres du personnel, un nouvel épisode de la sale guerre que le président russe, Poutine, mène en Tchétchénie vient d'ensanglanter Moscou. Lors d'un concert de rock, deux femmes se sont fait exploser. Bilan: une vingtaine de morts et une cinquantaine de blessés.

Il s'agit d'une "première" pour la capitale russe, alors que ces attentats-suicides, y compris commis par des femmes, se multiplient en Tchétchénie depuis que Poutine y a lancé ses troupes, fin 1999: une guerre dont on a calculé que, depuis, elle a tué dix personnes par jour, essentiellement des civils.

Une guerre "terminée" qui n'en finit pas

Poutine ne cesse, depuis le référendum de mars en Tchétchénie qu'il a gagné haut la main, de proclamer que la paix est en bonne voie, que "le problème est presque résolu".

Ce qu'il a résolu, c'est le problème de pouvoir s'abriter derrière un scrutin qui avalise le rattachement de la Tchétchénie à la Fédération de Russie. Une véritable mascarade: les urnes étaient bourrées; les électeurs menacés de représailles sanglantes s'ils votaient "mal"; des Tchétchènes réfugiés dans les régions voisines ont été emmenés, sous escorte, "faire leur devoir" dans des bureaux de vote sécurisés par l'armée russe, tandis que les soldats russes étaient admis à voter, et deux fois plutôt qu'une, dans le sens que l'on imagine sans peine.

Depuis, chacune des déclarations de Poutine se félicitant de cette "normalisation" est suivie d'un démenti spectaculaire sur le terrain: attaque d'objectifs militaires par des indépendantistes, y compris au coeur des bases russes; destruction de sièges de diverses administrations pro-russes; liquidations de responsables et collaborateurs locaux des forces d'occupation; attentats-suicide, etc.

La complicité des démocraties occidentales

Évidemment, cela ne fait pas l'affaire de Poutine. En tout cas, vis-à-vis de sa propre opinion intérieure, car pour ce qui est de celle de ladite "communauté internationale", il ne craint pas grand-chose tant sa complicité lui est acquise.

Certes, de temps en temps, tel ou tel organisme à fonction surtout décorative s'offre le luxe de dénoncer, comme le Parlement européen ce mois-ci, "les violations persistantes et récurrentes" des Droits de l'Homme perpétrées en Tchétchénie par la soldatesque russe en les qualifiant de "crimes de guerre et de crimes contre l'humanité". Des déclarations qui n'engagent à rien et qui sont surtout d'une hypocrisie consommée quand ces mêmes organismes ne trouvent rien à redire au silence assourdissant des Chirac, Blair, Schröder et compagnie face aux meurtres, pillages, viols, tortures, destructions, enlèvements, etc., commis par l'armée de Poutine... avec lequel ils entretiennent les meilleurs rapports. Romano Prodi, le président de la Commission européenne (le chef de fait de l'Union européenne), s'est empressé quant à lui de déclarer qu'il fallait "renforcer les efforts pour lutter contre le terrorisme international". Mot pour mot, c'est ce que dit Poutine pour justifier sa guerre. Les États-Unis n'ont pas voulu être de reste et la Maison-Blanche a, au nom de Bush, fait savoir qu'"aucune cause ne justifie le terrorisme".

Couvert donc par ses alliés occidentaux, Poutine s'est adressé au pays et aux forces armées pour les inciter - si besoin était - d'intensifier la répression sur le terrain. "Il est inutile, a-t-il ainsi déclaré, de faire du travail préventif avec les terroristes", en désignant collectivement les Tchétchènes comme tels. C'est là une resucée de ce que Poutine avait déclaré, lors des attentats de l'automne 1999 qui avaient fait 300 morts à Moscou.

À l'époque, il s'était présenté, dans son langage de soudard, comme celui qui irait "butter les terroristes jusque dans leurs chiottes". Aujourd'hui, il parle de les "exterminer" jusque "dans les caves et les grottes où ils se cachent". Poutine se répète et poursuit sa politique criminelle contre la population tchétchène. Mais peu importe à Chirac et à Raffarin, qui ont plusieurs fois rencontré ce sinistre individu ces dernières semaines: ils ont tenu à le féliciter des résultats de son référendum...

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