Le mouvement des intermittents à Nantes, Clermont-Fd, la Rochelle...11/07/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/07/une1823.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Le mouvement des intermittents à Nantes, Clermont-Fd, la Rochelle...

À Nantes

"À Nantes aussi, le mouvement mobilise de plus en plus de monde. Lors des récentes assemblées générales des intermittents, nous étions une quarantaine. Maintenant les AG rassemblent 200 personnes.

Les intervenants parlent des problèmes liés à l'indemnisation chômage. Mais pas seulement. Certains disent: "Arrêtons de ne parler que de nos 507 heures (nécessaires pour toucher l'indemnisation chômage), il y a aussi la disparition des projets culturels qui touchent les centres sociaux, il y a les emplois-jeunes, les retraites de tous remises en cause, la Sécu" et ils se font applaudir par l'assemblée.

Nous avons tenté d'occuper lundi la Direction régionale des Affaires Culturelles, Drac, mais nous nous sommes fait déloger le soir même par les forces de l'ordre. L'espace culturel LU nous accueille, les AG s'y déroulent.

La CGT est très présente, la CNT aussi est présente. Les assemblées sont loin d'être passives.

Une manifestation, qui s'est déroulée mercredi, a rassemblé 3500 personnes. Manifestation joyeuse, d'autant que le public était là avec nous.

Nous avons été reçus par le maire, Ayrault, qui s'est dit d'accord avec notre lutte mais a ajouté que nous nous trompions de mode d'action. Il faut dire le festival "Scopitone", organisé à Nantes dans la salle de concert Olympic, a été annulé. Mais si on ne les avait pas mis en grève, ils n'auraient pas pu se joindre au mouvement et venir à l'AG...

La culture, certains disent que c'est "quelque chose qui ne compte pas", mais force est de constater que, si on nous dit qu'on coûte cher, notre grève menace de faire perdre des sommes coquettes: pour 1euro dépensé, 8 euros sont gagnés par les organisateurs, les commerçants, etc.

Le sentiment partagé est que le mouvement est battant, et qu'on n'est pas prêts à se laisser faire."

Un intermittent en grève

À Clermont-Ferrand

Samedi 28 juin, à Cournon, en banlieue clermontoise, la Compagnie Jolie Môme a fait grève en interrompant sa pièce: "La crosse en l'air" de Prévert.

Au bout d'un quart d'heure, le rideau est tombé et l'un des acteurs lança au public: "Ici la pièce s'arrête, nous sommes en grève."

Après quelques instants de surprise, le public a réagi par des applaudissements chaleureux et en entonnant aussitôt: "Tous ensemble, Tous ensemble!"

Rassurés, acteurs, techniciens, musiciens ont alors expliqué les raisons de leur grève. Quand ils ont proposé aux spectateurs de se rendre à la caisse pour se faire rembourser, personne ne l'a fait! Alors un débat s'est engagé avec des interventions de toutes tendances, syndicales et politiques.

À La Rochelle

"Professeur, tout juste sorti d'une grève de 7 semaines, venu assister au Festival international du film de La Rochelle, j'ai pu y soutenir avec enthousiasme la lutte des travailleurs du spectacle.

Mardi 8 juillet, dès 11heures, une centaine d'intermittents ont commencé à bloquer toutes les projections du festival. Ils ont immédiatement organisé une AG de 500 spectateurs pour débattre des attaques du gouvernement contre leur mode d'indemnisation et les acquis de l'ensemble des travailleurs.

Au cours de ce débat dynamique et parfois houleux, la majorité du public a exprimé son soutien à leur cause. Des travailleurs, notamment des enseignants, ont déclaré avec sympathie voir dans cette lutte un prolongement de celle qu'ils venaient de mener et ont proposé leur aide. À ceux qui déploraient le blocage du festival, une spectatrice RMIste a répondu que chaque année, malgré les sacrifices que cela lui coûtait, elle venait à ce festival car pour elle la culture est quelque chose d'essentiel et réclamer d'y avoir accès est une revendication légitime. Si l'on n'arrête pas le gouvernement, cet accès sera encore plus difficile pour les milieux populaires. C'est pourquoi elle soutenait sans réserve la contestation et les initiatives des intermittents.

Puisqu'une large fraction du public réclamait d'affirmer plus ouvertement sa solidarité, l'après-midi, un rassemblement d'une centaine de personnes fut improvisé devant la direction des Francofolies. Le lendemain, les intermittents ont suspendu le blocage total du festival en décidant de continuer à occuper les locaux pour faire de l'information et mobiliser le public. Nous étions plus de 200 spectateurs et intermittents en fin d'après midi, pour manifester bruyamment en musique, au cri de "C'est pas la culture qui coûte cher, c'est le baron Seillière" ou "spectateurs en colère, artistes en galère".

Samedi à minuit, une marche funèbre avec plus de 1000 intermittents et spectateurs, vêtus de noir et portant des flambeaux, avait encore lieu dans les rues de La Rochelle pour dénoncer la disparition de travailleurs du spectacle et la mort de la culture programmées par la droite et le Medef."

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