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Leur société
Intermittents du spectacle en lutte pour leurs droits
Dès l'annonce de la signature du nouvel accord qui modifie les règles de leur indemnisation chômage, de nombreux intermittents du spectacle, artistes ou techniciens, ont occupé plusieurs théâtres, dont ceux de Caen ou de la Villette, à Paris. Les actions se sont ensuite multipliées, perturbant sérieusement certains festivals et menaçant le bon déroulement de nombreux autres.
Cet accord a largement de quoi provoquer la rage des dizaines de milliers de salariés concernés. Le mode d'indemnisation particulier dont bénéficient les travailleurs du spectacle y est drastiquement revu à la baisse.
Patronat et syndicats signataires osent mettre en avant la prétendue "avancée sociale" que constituerait la suppression de la dégressivité des allocations. Mais, plus qu'une présentation tendancieuse, c'est un pur mensonge, car la nouvelle indemnité journalière sera calculée sur une base bien plus désavantageuse pour les salariés. Et de toute manière, des dizaines de milliers d'intermittents vont se retrouver purement et simplement exclus du dispositif. La CGT estime leur nombre à 30%.
En effet il fallait auparavant 507 heures de travail déclaré sur les douze derniers mois pour ouvrir droit aux indemnités. Dorénavant, les mêmes 507 heures devront avoir été effectuées durant les dix derniers mois. Quant à la durée des indemnisations, elle est aussi diminuée, passant de douze à huit mois. Ce sont d'ailleurs ceux qui gagnent le moins, les plus prolétarisés, qui seront les principales victimes de ces remises en cause.
Le patronat ne s'est guère embarrassé avec les formes. Les syndicats qui ont accepté de cautionner ce recul (CGC, CFTC et CFDT) n'avaient réuni à eux trois que 12% des voix aux dernières élections professionnelles! Quant au gouvernement, il s'est empressé d'en approuver le contenu et de faire savoir son intention de l'officialiser.
Gouvernement et patronat avancent comme justification le déficit croissant de la branche de l'Unedic gérant les intermittents (800 millions d'euros cette année), du fait de l'augmentation importante du nombre de bénéficiaires (passés de 50000 à 100000 depuis 1993). Mais rendre ainsi les salariés responsables de la situation est particulièrement cynique.
Les principaux bénéficiaires du régime spécial des intermittents, et les principaux responsables de son déficit grandissant, ne sont pas les salariés mais les employeurs privés et publics du secteur. Ce sont des entreprises qui ont pignon sur rue. Certains organismes d'État, comme l'Opéra de Paris, ainsi que les grosses entreprises de production, notamment télévisuelles, qui prospèrent depuis plusieurs années, emploient ainsi des centaines d'intermittents... en permanence!
De plus, ces dernières années, plusieurs nouveaux secteurs ont obtenu d'être considérés comme entreprises de spectacles. C'est ainsi que bien des videurs et des barmen employés par les discothèques, des caissiers ou des croupiers de casinos sont affiliés au régime des intermittents, permettant ainsi à leurs patrons de réaliser de substantielles économies.
Alors, les intermittents sont mille fois dans leur bon droit en se défendant contre les attaques dont ils sont l'objet. Et souhaitons que patronat et gouvernement, qui, comme pour les retraites, osent prétendre "sauver" un système en le démantelant, doivent bientôt rabattre de leur superbe.