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Haïti : Le bilan des parlementaires lavalassiens
Trois ans après la victoire aux élections législatives du mouvement lavalassien -mouvement de l'actuel chef du gouvernement Aristide- nos camarades trotskystes antillais de Combat Ouvrier rendent compte de la situation à Haïti.
Il y a trois ans, lors des élections du 21 mai 2000, les politiciens lavalassiens avaient demandé de voter pour eux afin que "l'année 2001 soit bonne". Les fraudes ont permis aux politiciens lavalassiens d'être majoritaires tant au Parlement qu'au Sénat, ne laissant que quelques postes à des politiciens de l'opposition qui n'ont jamais digéré cette manoeuvre et ont refusé leur jeu parlementaire en bloquant leurs institutions. Depuis, les batailles continuent entre ces deux groupes pour le contrôle de l'appareil d'État, Aristide ayant fait main-basse sur la présidence et ses hommes de main sur les postes subalternes. Les politiciens des deux bords dressent leur bilan et les lavalassiens défendent leur législature, ils ont cité notamment le vote d'un ensemble de projets de loi sur la santé, l'éducation et les infrastructures, ainsi que des conventions et contrats de prêts.
La réalité est tout autre: la santé est au plus bas niveau, l'éducation a été sacrifiée et les campagnes qualifiées d'alphabétisation n'ont été que des campagnes publicitaires au profit d'Aristide. Quant à la situation de la majorité de la population, ces trois années ont été marquées par un appauvrissement généralisé. Les produits de nécessité ont grimpé à des prix inabordables, les transports ont triplé, suivant la hausse du dollar par rapport à la gourde. Dans le même temps les entreprises ont "révoqué" (licencié) en masse, augmentant le nombre de chômeurs alors que le salaire minimum restait inchangé.
Les parlementaires lavalassiens n'ont même pas appuyé les paroles démagogiques lancées par le gouvernement proposant un salaire à 70 gourdes par jour (inférieur à 2 euros pour plus de huit heures de travail). Le projet de loi n'a pas été voté, ce qui fait le jeu de la bourgeoisie haïtienne, et l'application de ce salaire a été laissée à l'appréciation des patrons. Ce n'est que dans les entreprises où les ouvriers ont mené des luttes dures que les patrons ont fini par plier, accordant 70 gourdes par jour. Mais ils essaient de se rattraper par divers moyens, comme l'augmentation des cadences ou l'allongement du temps de travail en rognant sur les pauses.
Quant à la sécurité qui était le cheval de bataille d'Aristide, elle n'a jamais été garantie pour la population des quartiers; ainsi, c'est la violence à Cité-Soleil, élevée au rang de commune il y a quelques mois. La semaine du 23 mai a été un exemple marqué par de nouveaux affrontements dans ce bidonville au nord de la capitale. Selon les habitants du quartier, vingt personnes ont été tuées lors d'une bataille entre deux groupes pour le contrôle du marché public construit le mois dernier. Le chef d'un des gangs est le chef de la sécurité du nouveau maire de Cité-Soleil, ses hommes de main font office de police municipale et font régner l'ordre du maire dans la Cité. Les habitants réclament justice et réparation pour les préjudices qui leur ont été causés.
Durant ces années les pauvres se sont appauvris, les riches se sont enrichis, ces politiciens du bord de Lavalasse comme ceux de l'opposition n'ont défendu que les positions de leurs commanditaires, les bourgeois. La population laborieuse ne peut compter que sur ses forces rassemblées pour améliorer son sort.