Deux dirigeants ouvriers chinois, Yao Fuxin (57 ans) et Xiao Yunliang (54 ans), ont été condamnés à sept ans et à quatre ans de prison, après avoir passé un an en prison préventive. En mars 2002, ils étaient à la tête des manifestations ouvrières à Liaoyang, grande ville ouvrière du nord-est de la Chine.

Dans cette ville, plus de 10000 travailleurs licenciés par les entreprises d'État de la ville étaient descendus dans la rue les 11 et 12 mars 2002 pour réclamer le paiement des arriérés de salaires et dénoncer la corruption des dirigeants. Le 17 mars, Yao Fuxin, l'un des délégués des travailleurs, pensionné de l'usine Ferro-Alloy était arrêté. Le 18 mars, 30000 travailleurs licenciés par les vingt entreprises d'État de Liaoyang manifestaient pour défendre leurs revendications et exiger la libération de Yao Fuxin.

Le 19 mars, en dépit de l'investissement de la ville par la police, 10000 travailleurs manifestaient encore. Le 20 mars, les autorités de la ville demandaient à la police anti-émeute et l'armée d'occuper la ville. Trois autres dirigeants ouvriers étaient arrêtés dont Xiao Yunliang. Ils ont été jugés en janvier dernier et le verdict d'emprisonnement est tombé le 11 mai.

Selon les organisations de défense des droits de l'homme, la situation de Xiao Yunliang est très préoccupante depuis son incarcération: il crachait du sang et isolé dans une cellule, il ne bénéficie sans doute pas des soins adaptés.

Les familles des prisonniers n'ont pas été autorisées à voir les prisonniers en détention. Elles ont au contraire été harcelées par la police, on leur a demandé de ne prendre part à aucune manifestation publique, de ne pas introduire de requête auprès de Pékin à ce sujet et de ne pas communiquer avec les médias.

"Vous m'accusez de subversion, mais si nous avons manifesté l'an dernier, c'est parce que les ouvriers n'avaient pas été payés depuis vingt mois et certains n'avaient plus rien à manger" a déclaré Yao Fuxin à ses juges, lors de son procès en janvier dernier.

Effectivement, dans toute la Chine, le non-paiement des salaires est courant, en particulier dans les entreprises publiques mises en liquidation par la politique de privatisations menée par le gouvernement. Peu avant les manifestations ouvrières de mars 2002 à Liaoyang, 50000 travailleurs du pétrole de Daqing City avaient manifesté pour réclamer le paiement de leurs salaires.

A l'échelle du pays, ce sont, d'après les sources officielles chinoises, près de 14 millions de travailleurs qui réclament des arriérés de salaires, employés de l'État ou d'entreprises privées à capitaux étrangers, comme dans la zone franche de Shenzhen. Les syndicats officiels, loin d'organiser la défense des travailleurs, collaborent avec les pouvoirs publics et le patronat. D'ailleurs à Daqing, ce n'est pas par hasard si, dans le cas des protestations des travailleurs de gisements pétroliers, le bureau du syndicat local faisait partie des bâtiments attaqués par les travailleurs en colère, qui ont fondé un syndicat indépendant.

Depuis toujours, le régime chinois, un régime qui malgré son nom n'a rien de communiste, réprime les manifestations et enferme les dirigeants ouvriers.

Solidarité avec les travailleurs chinois et les militants ouvriers emprisonnés!