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Leur société
Raffarin s'interroge sur son calendrier
Mardi 10 juin Raffarin a prétendu affirmer un changement de ton à propos de la situation sociale en s'exprimant publiquement dans deux interviews, l'une dans La Croix, et l'autre dans le quotidien économique La Tribune, qui s'adresse d'abord aux milieux des hauts cadres et du patronat.
Mardi 10 juin, sans s'engager sur quoi que ce soit sur le fond, sur tous les sujets il y avait une ouverture au moins sur le calendrier.
Dans La Tribune, Raffarin déclarait à propos de la décentralisation: "Pour les transferts, la loi entrera en vigueur progressivement", en tout cas pas en 2004, précisant: "Les décisions doivent être claires. Les calendriers doivent être souples".
A propos des retraites, tout en étant "préoccupé des débordements extrémistes", il a affirmé: "Je comprends et je respecte les manifestations". Par ailleurs il tenait à préciser que le gouvernement était prêt à discuter tout l'été au Parlement, finie donc l'échéance "incontournable", répétée auparavant par les mêmes, sur l'adoption définitive du projet pour la mi-juillet au plus tard.
Sur le financement des retraites et la situation économique, Raffarin se met tout d'un coup à avouer: "Il faut être prudent sur les prévisions. L'emploi c'est la croissance. Or sur la croissance nous avons une visibilité de six mois au maximum." C'est l'aveu public par Raffarin lui-même que les chiffres prévisionnels sur les retraites sont donc bien tous totalement fantaisistes.
À propos de la réforme de la Sécurité sociale voilà ce que tient à rectifier le Premier ministre: "J'entends parfois: Après la réforme des retraites, celle de la santé. Mais nous ne voyons pas les choses comme ça." "Notre dispositif de santé est un programme global à l'horizon 2007." "Le problème de la santé en France ne peut pas être pris seulement de manière comptable." "Je pense à la situation des personnes âgées et handicapées. La Sécurité sociale doit rester notre bien national."
Enfin, Raffarin a tenu à démentir la perspective de la privatisation annoncée d'EDF: "EDF ne sera pas privatisée."
Tout cela n'est que des mots, que la dialectique gouvernementale peut tout à fait transformer en leur contraire demain dans les faits. Par nature les gouvernants ne se sont jamais sentis engagés par leurs promesses et leurs déclarations antérieures. Il n'y a que le rapport de forces issu des luttes qui peut les contraindre à prendre en compte les exigences des travailleurs.
Cela dit, ce changement de ton est notable, et il est justement la conséquence directe de la continuation de la lutte, engagée depuis des mois par certaines catégories contre les plans gouvernementaux. Oui, à sa façon, Raffarin reconnaît qu'il doit compter avec le mouvement de contestation en cours. Aucun autre argument que ce rapport de forces ne peut être entendu par le gouvernement.
En tout cas c'est bien la preuve que rien n'est acquis encore pour Chirac-Raffarin-Fillon-Ferry. C'est bien pourquoi, plus que jamais, tout doit être fait pour renforcer la grève, les manifestations et toutes les initiatives qui permettent d'exprimer l'opposition radicale du monde du travail aux projets gouvernementaux jusqu'à ce qu'ils soient tous définitivement retirés.
C'est bien quand on a commencé enfin à faire bouger ceux d'en face qu'il faut y mettre toutes ses forces, avec la dernière énergie, pour élargir la brèche. En sachant d'ailleurs que ceux qui se battent représentent bien plus qu'eux-mêmes, ils représentent les intérêts de dizaines de millions de salariés, retraités et chômeurs. Les seules vraies minorités, ce sont les tenants du camp d'en face, les profiteurs et leurs valets politiciens.