SNCF - la journée de grève du 3 juin : Un succès... à transformer05/06/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/06/une1818.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

SNCF - la journée de grève du 3 juin : Un succès... à transformer

La journée du 3 juin contre le projet de réforme des retraites a été un succès à la SNCF et à la RATP. Malgré leur volonté de minimiser les grèves et les manifestations, les commentateurs ont dû reconnaître que la grève a été bien suivie; que les trains et les transports en commun à Paris, mais plus encore dans bien des villes de province, ont été paralysés; que les manifestations ont été dynamiques, emboîtant le pas au personnel de l'Éducation nationale toujours très mobilisé.

Ainsi, trois semaines après la journée de grève et de manifestations du 13 mai, qui a créé un élan ressenti par tous les cheminots et d'autres comme pouvant donner l'impulsion à la riposte aux attaques du gouvernement, et trois semaines après la façon dont la direction de la CGT et son appareil ont systématiquement brisé cet élan, cette journée du 3 juin montre que la nécessité de la lutte, et d'une lutte d'ensemble, reste présente dans bien des esprits.

Dans la plupart des assemblées de cheminots du 3 juin, la grève a été reconduite, et en général de façon majoritaire. Toutefois, la méfiance à l'égard de la politique de la CGT, l'imprécision de ses intentions sur sa volonté d'agir pour l'extension de la grève et son élargissement aux secteurs encore hésitants ne manque pas de s'exprimer. Dans de nombreux secteurs, les cheminots se demandent si cette fois-ci est la bonne, si la CGT ne va pas de nouveau briser net, quand elle l'aura décidé, un mouvement en train de chercher à se renforcer. Et ils sont d'autant plus regardants et parfois attentistes que l'appareil cégétiste laisse très peu de place à l'initiative des grévistes dans l'organisation du mouvement.

Dans certains endroits, la CGT appelle à des assemblées de cheminots, pour décider en particulier de la reconduite de la grève, de façon très émiettée, secteurs de 40 travailleurs par secteurs de 40, les agents de conduite d'un côté (et parfois pas tous ensemble sur un secteur) et les contrôleurs de l'autre, etc. Cela a été par exemple le cas sur Paris-Saint-Lazare, sur Paris-Nord, sur Paris-Austerlitz où sont prévues pas moins de neuf assemblées différentes, fixées au même moment, pour couper la possibilité d'aller voir les camarades de l'assemblée voisine. Et à toute proposition d'une assemblée plus large, qui pourrait renforcer le moral de tous, permettant de juger et de faire le point ensemble, sédentaires et roulants, ouvriers de différents ateliers, par-dessus toutes les divisions corporatistes, les responsables CGT s'opposent catégoriquement, quitte à aller à contre-courant des sentiments de certains de leurs propres militants.

Cependant, la CGT, qui représente le syndicat le plus influent à la SNCF, joue là un jeu délicat. Depuis des semaines, elle a expliqué qu'à partir du 3 juin on allait voir ce qu'on allait voir et que la grève, reconductible à partir du 3 juin, allait être à l'ordre du jour. Des travailleurs qui se saisissent aujourd'hui de cet appel ont conscience qu'il n'est pas question de rester passif dans la grève, d'obéir aux décisions les concernant prises au-dessus d'eux, sans leur demander leur avis, s'ils veulent imposer à Raffarin et Fillon l'abandon de leur projet sur les retraites. La grève est une affaire trop sérieuse pour que ceux qui la font, qui payent de leur personne, ne se donnent pas les moyens de la diriger eux-mêmes, de décider de sa conduite et des moyens de l'approfondir.

A la radio, le soir du 3 juin, Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT, a parlé de la grève qui démarre comme d'"un mouvement qui sache durer" pour obtenir "la réouverture des discussions" avec le gouvernement. Plus qu'à étaler dans le temps la riposte, c'est à être le plus efficace possible et sans tarder qu'il faut viser pour le retrait du plan Raffarin-Fillon. Et si le slogan tant de fois scandé par les militants CGT "Tous ensemble, tous ensemble, grève" ne veut pas rester une parole en l'air, les grévistes doivent tout faire pour étendre leur mouvement.

La grève du 3 juin, reconduite massivement le 4, est un premier succès qui doit être confirmé.

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