L'un des événements marquants du contre-G8 a été l'organisation par l'association ATTAC d'un "tribunal international du libéralisme" qui a jugé cinq accusés: le FMI, la Banque mondiale, l'OMC, la Commission européenne et le G8. L'ancien président d'ATTAC, Bernard Cassen, faisait office de procureur. Devant 300 personnes, les dénonciations des méfaits du "libéralisme" se sont succédé et, après avoir entendu les avocats de la défense joués par des membres d'ATTAC encagoulés, le tribunal a condamné le FMI, la Banque mondiale, l'OMC à cinq ans de travaux d'intérêt général payés au RMA (Revenu Minimum d'Activité), la Commission européenne à la révision des traités. L'OMC a été en outre placée sous la tutelle de l'ONU. Quant au G8, il a été condamné à être dissous, et Chirac chargé d'appliquer la sentence!

Les dirigeants d'ATTAC, qui se veulent en quelque sorte des mentors idéologiques du mouvement altermondialisation, ont illustré ainsi, certes avec humour, certaines de leurs propositions qu'on ne peut même pas qualifier de réformistes tant elles sont conformistes et sans rapport avec leur dénonciation des méfaits du système.

D'ailleurs, c'est sans la moindre trace d'humour que Bernard Cassen écrit: "Nous soutenons à juste titre la légitimité internationale incarnée par l'ONU et dénonçons sa violation par George W. Bush, mais nous ne nous faisons pas d'illusions excessives sur le fonctionnement de l'Organisation". Et la grave question qu'il se pose c'est: "Comment en France soutenir Chirac à l'extérieur en combattant Raffarin à l'intérieur? Même question encore plus brûlante en Allemagne où le chancelier mène une politique économique violemment contestée par les syndicats?"

Décidément, il en faut peu à ATTAC pour ne pas être dégoûtée par les brigands qui nous gouvernent: un peu de démagogie anti-USA et les voilà soutenus par les dirigeants d'ATTAC... au moins à l'extérieur!

D'ailleurs le président actuel d'ATTAC, Jacques Nikonoff, n'en fait pas mystère. Voici ce qu'il a déclaré lors d'une interview accordée au Parisien du 31 mai: "Le gouvernement Bush n'a qu'un objectif: américaniser le monde. La grande question de ce sommet est donc la suivante: Chirac et Schröder vont-ils s'aplatir devant Bush? Ou bien, au contraire, profiter de cette rencontre pour lancer un signe en direction de tous ceux qui, comme nous, pensent que l'Europe doit exister comme sujet politique indépendant, et qu'elle n'a pas à devenir une filiale des États-Unis?"

Comme guides idéologiques pour une jeunesse qui manifeste sincèrement contre les horreurs que cette société capitaliste fait subir à l'humanité, on fait mieux. Car ils ont besoin d'une perspective autrement enthousiasmante, et autrement efficace, pour que leurs luttes débouchent un jour. Mais certainement pas de s'accrocher aux basques des brigands de seconde zone, sous prétexte de combattre le brigand en chef, ou d'en appeler à cette caverne de brigands qu'est l'ONU. Il faut se débarrasser pour toujours de cette société malade et contribuer à en construire une autre, débarrassée de l'exploitation et de l'oppression. Cela s'appelle le communisme!