Chirac fait sa pub05/06/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/06/une1818.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Chirac fait sa pub

Le sommet du G8 à Evian, cette réunion des chefs d'État des principales puissances industrielles, placé cette fois sous la présidence française, a surtout été l'occasion pour Chirac de faire pas mal de cinéma.

Bien que ce sommet ait été l'occasion de sceller la fin de la prétendue brouille entre Chirac et Bush, le président français a fait bien hypocritement étalage de ses bonnes intentions, de son esprit d'ouverture, voire de sa volonté de contester le droit des pays les plus riches, au premier rang desquels les USA, d'imposer leur diktat au monde. C'est tout juste s'il ne s'est pas présenté comme une sorte de chef de file des opposants à une mondialisation trop sauvage.

Il a donc organisé, en marge du G8, le G20, en invitant des représentants d'une vingtaine de pays qui n'en sont pas membres, de la Chine au Brésil en passant par des pays africains. Il s'est payé le luxe d'approuver le président brésilien Lula qui a demandé la création d'un fonds mondial contre la faim, de prétendre se préoccuper du développement de l'Afrique, de la lutte contre les épidémies, en particulier contre le sida, de l'accès à l'eau, du réchauffement de la planète, etc.

Evidemment toutes ces bonnes paroles ne seront suivies d'aucun effet concret, si ce n'est le triplement annoncé par Chirac des fonds affectés par la France à la lutte contre le sida, qui ne représenteront cependant que le centième des sommes allouées par les USA...

De toute façon, ni le G20 ni le G8 ne servent aucunement à décider de quoi que ce soit. On y cause de beaucoup de sujets graves mais, quand par extraordinaire une résolution est prise, elle n'est pas suivie d'effet.

La politique des pays les plus riches, dont la raison d'être est de défendre leurs propres capitalistes contre les autres et surtout contre les peuples, ne se décide pas dans ces sommets. D'ailleurs la visite éclair de Bush illustre bien le peu de cas que le principal impérialisme fait de ces réunions.

A l'occasion de ce sommet, comme cela est maintenant la tradition lors de chaque réunion entre représentants des grandes puissances, de nombreuses organisations non gouvernementales, des associations les plus diverses, des organisations anarchistes, écologistes, d'extrême gauche ont appelé à manifester pour contester la légitimité du sommet. Alors que les membres du G8 se réunissaient sous haute protection, des milliers de personnes se sont ainsi retrouvées pour manifester mais aussi débattre, échanger les expériences, faire entendre leurs revendications, nombreuses et diverses.

Le point culminant a été les manifestations de dimanche, parties d'Annemasse et de Genève, qui ont convergé, réunissant quelque 90000 personnes selon les organisateurs. Mais pendant plusieurs jours de nombreuses manifestations et événements ont été organisés par les "altermondialistes". Ils ont mis symboliquement "le feu au lac" en allumant quelque 70 feux tout autour de celui-ci, afin que leur présence ne puisse être ignorée des participants au sommet retranchés à Evian. Plusieurs manifestations ont été organisées en Suisse et en France, dans une ambiance plutôt festive, à peine troublée dans un premier temps par l'irruption de manifestants encagoulés qui ont cassé quelques vitrines. Mais après qu'un manifestant a été grièvement blessé suite à une bavure policière, que des arrestations ont eu lieu, les affrontements entre quelques centaines de manifestants et la police suisse à Genève ont été plus violents, faisant au moins deux nouveaux blessés parmi les manifestants.

Les organisateurs de l'anti-G8, pour leur part, se sont pris au jeu de faire des contre-propositions. C'est ainsi qu'un "Sommet pour un autre monde" a été organisé pendant les trois jours précédant la réunion du G8, avec le même ordre du jour, de façon à pouvoir remettre à temps à Jacques Chirac le fruit de leurs réflexions. Chirac a fait mine d'écouter, tandis que Bush s'est esquivé, mais l'un comme l'autre n'en ont évidemment que faire.

Les manifestants avaient beaucoup de choses à dénoncer, tant l'organisation de la société présente d'aspects inhumains et révoltants. La plupart sont sans doute bien conscients que c'est le capitalisme qui est responsable du fonctionnement aberrant et injuste de l'économie. Mais ce n'est ni la dissolution du G8, ni son remplacement par d'autres rencontres entre les brigands de ce monde qui pourront y apporter remède. C'est bien le capitalisme qu'il faut renverser.

Partager