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Dans les entreprises
Retraites : Les cheminots ne doivent se laisser ni diviser ni isoler !
La presse, la radio, la télévision, ne cessent de seriner que les régimes spéciaux de retraite, comme ceux des cheminots, ne sont pas concernés par la réforme Raffarin-Fillon... "ce qui ne veut pas dire qu'on ne touchera jamais au régime de retraite de la SNCF", s'est empressé de préciser Louis Gallois, président de la SNCF. On le savait déjà mais cela confirme qu'au-delà de ce que raconte ou pas la presse, les gouvernants sont bien décidés à aligner par le bas, tôt ou tard, tous les systèmes de retraite. Et s'ils essayent de faire prendre des vessies pour des lanternes aux cheminots, c'est seulement parce qu'ils ont peur d'une conjonction du mécontentement des personnels de l'Éducation nationale et de celui des travailleurs des transports en commun, SNCF, RATP, etc., pour ne pas parler des travailleurs des entreprises privées.
Reste que les manoeuvres du gouvernement, du président de la SNCF Louis Gallois, et des fédérations syndicales se sont accentuées ces derniers jours autour de la grève reconductible annoncée pour le 3juin prochain à la SNCF.
Vendredi 23 mai, Louis Gallois s'est adressé par courrier interne aux 170000 cheminots afin de leur expliquer qu'il n'y avait pas de quoi fouetter un chat dans la réforme annoncée et surtout, chaque journée nationale de grève coûtant 20 millions d'euros, pas de quoi se mettre en grève! Et puis, explique-t-il, les effectifs ayant beaucoup baissé, les retraites de ceux qui restent pourront être payées sans problème et le régime spécial ne pas être trop tôt sur la sellette! Voilà les mensonges avec lesquels la direction SNCF compte embrouiller les cheminots.
Quant aux fédérations syndicales cheminotes, CGT, CFDT (en désaccord avec la Confédération), Sud-Rail, CFTC, UNSA et FGAAC (syndicat catégoriel des agents de conduite), à l'issue de leur réunion au soir du mardi 20 mai, lendemain de la grande manifestation du 19, elles étaient tombées d'accord sur l'échéance du 3 juin, comme devant marquer le début d'une grève reconductible... si d'ici là, le gouvernement ne fait pas des gestes prétendus "forts" en direction des cheminots et de leur régime de retraite.
Mais il n'a pas fallu attendre bien longtemps pour qu'au lendemain de la manifestation du dimanche 25 mai, la FGAAC décide de se retirer de l'appel à la grève du 3 juin sous prétexte qu'elle aurait reçu des garanties de la part de la direction de la SNCF quant aux retraites des agents de conduite. Heureusement, il n'est pas dit que les agents de conduite se laissent endormir par les propos lénifiants et surtout mensongers de la direction de la SNCF, relayée par la direction de la FGAAC, et qu'ils ne se retrouvent pas au coude à coude avec les autres cheminots pour dire "non" aux projets du gouvernement. En tout cas, la politique de Raffarin et de Fillon, avec la complicité de certaines fédérations syndicales, est claire: il s'agit de diviser pour affaiblir et morceler le mécontentement et les réactions des travailleurs.
Du côté des autres fédérations cheminotes, en particulier de la plus influente d'entre elles, la CGT, la perspective est la préparation de la mobilisation du 3 juin. Seulement l'objectif mis en avant n'est pas le retrait pur et simple des projets Raffarin-Fillon mais l'ouverture de "véritables négociations" comme l'a dit, redit et répété Bernard Thibault pour la CGT, en particulier dans la manifestation du 25 mai dernier. Est-ce là une façon de signifier qu'au cas où Raffarin ferait un pas en ce sens, les fédérations des cheminots, y compris la CGT, pourraient préparer le renvoi de toute action vers un futur indéterminé?
Alors que les attaques frappent l'ensemble des travailleurs de ce pays, alors que la mobilisation des personnels de l'Éducation nationale ne faiblit pas et au moment où il est nécessaire de faire converger tous les mécontentements et toutes les mobilisations vers une riposte générale du monde du travail, les directions syndicales semblent loin de la fermeté qui serait nécessaire face au gouvernement. Bien des cheminots en sont conscients et cela suscite de nombreuses discussions. Il dépend des travailleurs eux-mêmes de ne pas se laisser lanterner, comme il dépend de leur détermination de prendre en main leur avenir et de refuser, par la grève et par la lutte "tous ensemble", la casse de leurs retraites.