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- Lutte ouvrière n°1817
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Le PS et les retraites : Le PS critique Raffarin...au nom de la même politique antiouvrière
Le matin du 26 mai, au lendemain de la grande manifestation contre le projet Fillon-Raffarin sur les retraites, France-Inter avait invité François Hollande, le premier secrétaire du Parti Socialiste. Interrogé par un auditeur sur ce qu'il pensait des 37,5 annuités pour tous, Hollande a préféré ne pas répondre.
On en a eu un autre exemple, le même jour, dans Le Parisien, avec l'interview d'Annick Lepetit, porte-parole du PS. Elle y demandait que "le gouvernement lâche du lest", tout en se gardant de dire ce que voulait le PS. Et à ceux qui, dit ce journal, "reprochent au PS de n'avoir rien fait pour les retraites pendant cinq ans" sous Jospin, elle répond que "ce n'était pas un engagement de Lionel Jospin en 1997".
S'agissant du coup porté par Balladur en 1993 aux salariés du privé, les obligeant à cotiser 40 ans et non plus 37 ans et demi pour une retraite à taux plein, Jospin ne s'était en effet engagé à rien. Et de 1997 à 2002, il n'a rien fait pour abroger cette mesure qu'invoquent Fillon et Raffarin pour tenter d'imposer le même recul aux fonctionnaires.
En revanche, dans sa déclaration de mars 2000 sur l'avenir des retraites, Jospin avait dressé tout un catalogue de mesures, maintenant brandies par Chirac et Raffarin, telle la mise en place "d'instruments d'épargne à long terme, collectifs et négociés" -en clair, les fonds de pension chers aux financiers. Il avait aussi évoqué "l'allongement de la durée de cotisation pour la fonction publique", cette "réforme" que les grévistes avaient forcé Juppé à remballer et que Fillon vient de ressortir, et "un certain retard de la France" par rapport aux pays où la retraite est à 65 ans. Sur ce point, tout rivaux qu'ils étaient dans la campagne présidentielle, Jospin et Chirac se sont montrés en complet accord. L'an dernier, au sommet de Barcelone, ils avaient co-signé un projet recommandant de repousser de trois à cinq ans l'âge de la retraite des salariés de l'Union européenne.
Si, au lieu de Chirac, Jospin avait alors été élu président, certains ministres auraient été différents, mais pas leurs projets: Raffarin n'a eu qu'à reprendre ceux que le précédent gouvernement avait concoctés. Et c'est bien cela que Hollande et la direction du PS aimeraient faire oublier à l'électorat populaire, sans prendre le moindre engagement qui puisse déplaire au Medef et à la bourgeoisie.
Cela oblige le PS à certaines contorsions, comme à son récent congrès de Dijon qui a adopté un manifeste proclamant son "entier soutien aux mouvements sociaux en cours" et réclamant "le retrait des mesures Ferry" et du "projet Raffarin-Fillon sur les retraites". Pour faire bonne mesure, le congrès a ovationné le dirigeant de la CGT, Bernard Thibault, venu apporter sa caution à l'opération. Quant à Fabius, actuel n°2 du PS, il a déclaré trouver "scandaleux" un projet Fillon qui ressemble comme deux gouttes d'eau à celui qu'avait préparé un certain... Fabius, quand il était ministre des Finances de Jospin.
Au conseil national du PS du 24 mai, Hollande a parlé des "erreurs" du Premier ministre en matière de "négociation", ajoutant qu'"il ne faudrait pas que l'idée même de réforme soit entamée". Façon de dire aux possédants que si Raffarin n'y arrive pas, le PS saurait conclure cette attaque contre le monde du travail que la droite n'aurait qu'entamée. Cela, en espérant que les électeurs ouvriers et populaires prendront pour une opposition de fond de la part du PS ce qui n'est qu'une critique sur la façon de poursuivre un objectif commun à la droite et à la gauche de gouvernement.