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Leur société
Après les retraites, le gouvernement s'attaque à la sécu
Le ministre Mattei vient de présenter son projet de loi sur la santé publique, pratiquement dans le même temps où il annonçait une "réforme" de la Sécurité sociale et où paraissait le décret d'application de son arrêté sur le déremboursement partiel de 617 médicaments. Ce n'est bien sûr pas une coïncidence, pas plus que ne l'était la publication de cet arrêté... en plein week-end de Pâques, dans l'espoir qu'il passerait inaperçu. En fait, c'est une nouvelle attaque généralisée que lance le gouvernement contre la population, cette fois sur le terrain de la santé.
Ces 617 médicaments, présentés comme peu efficaces, ne seront donc plus remboursés qu'à 35%, contre 65% auparavant. Cette procédure s'inscrit dans le droit fil de celle qu'avait instituée Martine Aubry, ministre de la Santé et des Affaires sociales du gouvernement Jospin, qui avait, déjà, invoqué la non-efficacité d'une longue liste de médicaments ou le fait qu'ils auraient été "de confort" pour les rayer de la liste des prescriptions remboursables.
La seule innovation de Mattei est qu'il invente, lui, la catégorie des médicaments "peu efficaces" (sans d'ailleurs que les organismes de Sécurité sociale chargés de vérifier cette efficacité aient été consultés, ce qu'ils ont dénoncé). Car, d'Aubry à Mattei, l'objectif recherché est le même: il s'agit d'augmenter ce qui reste à la charge des patients.
Ceux-ci se feront sans doute prescrire d'autres médicaments, mieux remboursés. Mais, en général, ils sont plus chers et, dans ce dernier cas, la mesure de Mattei fera coup triple: outre faire les poches des assurés, elle ponctionnera les caisses de la Sécurité sociale, en remplissant d'autant celles des laboratoires pharmaceutiques.
Faire que les assurés et la Sécurité sociale servent de vache à lait aux grands trusts de la pharmacie (et pas seulement à eux) n'est certes pas une nouveauté, mais une constante de tous les gouvernements depuis que la Sécurité sociale existe. Mais la concomitance de ce nouveau hold-up à la santé avec l'annonce d'une "réforme" de l'assurance-maladie que le gouvernement justifie par le "trou" de la Sécu (qu'il s'applique à creuser) est une véritable provocation.
Mattei ose parler de "solidarité" et de "justice" alors que le manque de personnel dans les hôpitaux est de plus en plus criant, que les urgentistes dénoncent les économies criminelles que leur imposent les autorités, sans parler des sages-femmes qui manifestaient le 24 mai contre la poursuite de la fermeture des maternités et ce qu'elles appellent les "usines à bébés" qui se mettent en place.
Si quelqu'un avait la moindre illusion sur ce que veut ce gouvernement, Mattei se chargerait de la dissiper. Présentant son projet sur LCI, il a eu le culot de dire qu'il comptait négocier sa réforme comme son collègue chargé des retraites "avait négocié avec la CFDT". Alors que le projet Fillon est massivement rejeté par la population, Mattei annonce la couleur: il cherche des carpettes pour approuver un nouveau mauvais coup, et d'abord contre les plus démunis qui, faute de moyens, seront encore plus écartés de l'accès à la santé.
Mattei a également annoncé ce qu'il appelle son projet de loi en santé publique. Son objectif déclaré est de faire baisser la mortalité chez les moins de 60 ans en promouvant la prévention. Le "plan" contre le cancer avancé par Chirac s'inscrit dans ce cadre, a précisé le ministre. Loin de rassurer, c'est bien ce qui a de quoi mettre la puce à l'oreille. Car, quand Chirac a annoncé son "plan", en mars dernier, s'il a fait beaucoup de mousse autour de cette "grande cause nationale", ladite mousse n'a pas pu cacher qu'aucun financement de la chose n'était prévu, ni même évoqué.