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- Lutte ouvrière n°1817
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Leur société
Algérie : Une catastrophe aggravée par la corruption et l'incurie
Plus de deux mille deux cents morts et au moins un millier de blessés, tel est le bilan officiel et provisoire du violent tremblement de terre qui a secoué l'Algérie, frappant plus particulièrement Alger et les villes situées à l'est de la capitale, telles que Boumerdès, Thénia, Zemmouri et Rouiba. Et les répliques qui se succèdent, en provoquant l'effondrement des bâtiments fragilisés, continuent d'alourdir le nombre des victimes.
La gravité du séisme, le plus fort qu'ait connu l'Algérie depuis vingt ans, et le fait qu'il se soit produit dans une zone fortement urbanisée, à une heure où de nombreuses familles étaient rassemblées pour dîner, n'explique pas tout. D'ailleurs, quelques jours après, un tremblement de terre d'une amplitude équivalente n'a fait que quelques dizaines de blessés et peu de dégâts au Japon.
Dans les deux cas, il s'agit de régions très exposées aux tremblements de terre mais, alors qu'au Japon les constructions respectent des normes très strictes leur permettant de résister même à des séismes importants, en Algérie les autorités laissent agir en toute impunité -quand elles n'en sont pas directement complices- des promoteurs plus intéressés par le profit facile que par la qualité et la résistance des immeubles qu'ils construisent. Résultat, dans la banlieue-est d'Alger, des dizaines d'immeubles se sont écroulés comme des châteaux de cartes, ensevelissant par centaines les personnes qu'ils étaient censés abriter.
L'incurie du pouvoir algérien s'est également révélée dans l'organisation des secours. Alors que de tout le pays les volontaires affluaient pour aider les sinistrés, ils ne disposaient que de moyens dérisoires pour essayer de dégager d'éventuels survivants. Quant aux rescapés, plusieurs jours après la catastrophe, ils restaient livrés à eux-mêmes, sans abri, sans eau potable et sans vivres. Cette situation a d'ailleurs provoqué des explosions de colère. C'est aux cris de "pouvoir assassin!" et sous les jets de pierre que le président Bouteflika a été accueilli lorsqu'il a voulu se rendre sur les lieux de la catastrophe. Mais ces manifestations ont été rapidement endiguées par des militaires et des brigades antiémeute.
Car si les secours ont tardé à se mettre en place, les forces de police, elles, ont été rapidement déployées contre la population.