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Leur société
Salaires des patrons : La vie en rose
Partout dans le pays, les cataclysmes sociaux s'accumulent. Mais il est un monde à part, où tout va bien et même de mieux en mieux. Celui des patrons.
2002 a été un bon cru pour eux. Dans le classement, le numéro un, Lindsay Owen Jones, PDG de l'Oréal, a gagné 6,2 millions d'euros, soit une hausse de 12% par rapport à 2001. Il est suivi par Messier, avec 5,6 millions d'euros, lequel avait pourtant été viré en juillet de son poste d'Universal. La rémunération de Thierry Desmarest, PDG de Total, qui s'élève à 2,4 millions d'euros, progresse de 8%, comme progressent celles des PDG de Renault, Aventis, Carrefour, Lafarge, etc.
Le "comité d'éthique" du Medef -eh oui, on a du mal à le croire, mais le Medef a un tel comité, qui juge de la moralité de ses membres -vient de donner son point de vue sur ces rémunérations. Il défend leur progression, y compris dans les entreprises qui ont licencié. "Ce n'est pas parce que l'entreprise est en difficulté que le dirigeant doit être peu motivé", dit-il et d'ajouter: "Un dirigeant n'est pas assimilable à un salarié, il assume la responsabilité ultime de la direction." Mais on se demande bien de quoi un patron est responsable, puisque ce n'est jamais lui qui paie les conséquences de ses décisions. Qui a payé pour la catastrophe d'AZF, filiale de Total? Desmarest ou les salariés, certains en y laissant la vie? Et qui paie la casse quand les entreprises licencient?
C'est le cadet des soucis du comité d'éthique du Medef. L'auteur du rapport s'inquiète seulement de ce que "la possibilité de gains démesurés amène à faire perdre le contrôle de la réalité." Ce n'est effectivement pas un risque que courent les salariés.
Alors, responsables et coupables, ils le sont tous, ces PDG et les familles d'actionnaires qu'ils représentent. Mais condamnés, jamais.