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Dans le monde
Proche-Orient : Le prix d'une politique pro-impérialiste
Alors que dans les Territoires occupés le terrorisme de l'État israélien fait presque tous les jours de nombreuses victimes, en Israël même, les attentats palestiniens se succèdent. Le dimanche 18 mai, sept personnes ont été tuées dans un bus, à Jérusalem Est, après qu'un kamikaze s'est fait exploser avec la bombe qu'il portait. Un autre attentat a fait trois mort le lendemain.
Sharon, qui disait vouloir réduire par la force la résistance des Palestiniens, peut constater aujourd'hui la prétention de son discours, tout comme Bush peut lui aussi constater que sa lutte contre le terrorisme international n'a non seulement aucun effet, mais continue au contraire à accroître un désespoir qui le nourrit. Avoir écrasé sous les bombes un pays comme l'Irak, pour s'emparer de ses richesses et pour remodeler la région à la convenance de l'impérialisme américain et accessoirement britannique, n'avait rien à voir avec une quelconque "lutte contre le terrorisme". C'était au contraire mettre en oeuvre un terrorisme d'État des plus destructeurs pour des motifs propres aux grands groupes capitalistes américains et à la clique politique qui les représente.
A la violence mise en oeuvre par l'impérialisme en Irak et dans bien d'autres endroits du monde, ce sont les bombes de Riyad du 12 mai et de Casablanca le 16 mai qui répondent. A l'odieux de la politique américaine répond l'odieux des attentats aveugles s'en prenant à des civils, où que ce soit. Mais la responsabilité première revient à ceux qui suscitent, développent, attisent le désespoir, conduisant des êtres humains à se servir de leur propre suicide comme d'une arme.
Chose quelque peu nouvelle, l'attentat du dimanche 18 mai à Jérusalem, comme celui qui est survenu le lendemain, n'a pas, pour l'heure du moins, remis en cause le tout nouveau dialogue engagé entre Sharon et Abou Mazen, le nouveau Premier ministre palestinien. Mais hormis cette singularité, la position israélienne n'a pas évolué d'un pouce.
Alors que le gouvernement palestinien a accepté la "feuille de route", impliquant beaucoup plus de concessions de sa part que de la part des Israéliens, ces derniers ont pour l'instant refusé de signer le document présenté par le Quartette (États-Unis, Union européenne, Russie et ONU), et n'acceptent pas de démanteler quelque colonie que ce soit. Cette position de force face aux aspirations des Palestiniens n'est évidemment pas de nature à désarmer moralement et matériellement tous ceux qui ne supportent plus l'arrogance et l'agressivité du gouvernement Sharon.
De toute façon, la politique de Sharon au Proche-Orient, finalement acceptée par l'impérialisme, pèse de tout son poids sur toutes les populations de la région, qui payent d'abord dans leur chair l'opposition entre les peuples, entretenue par la mise en oeuvre de la politique coloniale d'Israël. Mais le prix à payer est aussi économique: de façon évidente pour les Palestiniens dont beaucoup n'ont plus rien pour vivre, de façon peut-être moins pressante pour les Israéliens, mais bien réelle tout de même.
Pour s'opposer à la politique sociale menée par le gouvernement Sharon, une importante grève a eu lieu dans la semaine du 12 au 17 mai. Le syndicat israélien, la Histadrout, a finalement obtenu du ministre des Finances, Nétanyahou, la renonciation à ce que les "réformes" soient imposées par la législation plutôt que par la négociation. Par contre, les salaires du secteur public seront amputés en 2003 de deux milliards de shekels. De plus, Nétanyahou a réussi là où tous ses prédécesseurs avaient échoué: les directeurs de service ont désormais le pouvoir de licencier des fonctionnaires nommés. Le ministre des Finances a également obtenu la garantie de deux années de calme de la part de la Histadrout, qui renonce à réclamer des augmentations de salaire durant cette période. Reste ouverte, comme dans beaucoup de pays, la question... des retraites.