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Education nationale : La grève ? c'est plus que légitime, c'est une nécessité
Dans les informations sur les grèves, à la télévision, dans la presse, on tombe presque toujours sur des commentaires d'usagers importunés ou en colère, qui occupent souvent l'antenne, bien plus que des grévistes expliquant les raisons de leur grève, moyen pour les commentateurs de faire dire aux usagers ce qu'ils n'osent pas dire eux-mêmes.
Il est vrai que la grève gêne des usagers, mais quand ceux-ci appartiennent aussi au monde du travail, ou s'en montrent solidaires, il n'est pas difficile de comprendre que se décider à faire grève n'est pas un geste désinvolte. C'est une façon de dire ce qu'on pense, de contester. Quelle autre façon les travailleurs ont-ils pour s'exprimer, résister et imposer des revendications légitimes?
Dans la foulée de Raffarin qui voudrait refuser le pouvoir de la rue, il est reproché aux grévistes et aux manifestants de remettre en cause la légitimité des "élus du peuple". Comme si voter aux élections législatives ou présidentielles avait plus d'importance que de faire grève et de manifester. C'est le contraire. Voter, c'est mettre un bulletin dans l'urne, un dimanche, sans autre implication que de se rendre au bureau de vote. Faire grève, c'est autrement coûteux et risqué. Les salariés, qui font ce choix, ne l'ignorent pas. A la radio, un journaliste et un sociologue ont laissé sans démenti l'intervention d'un auditeur qui prétendait que dans la fonction publique les grévistes étaient payés, ce qui est un mensonge, puisque, comme pour le secteur privé, c'est seulement le rapport de forces qui détermine le résultat de la grève, y compris le paiement de ces jours.
Faire grève, c'est accepter un sacrifice financier immédiat pour préserver l'avenir de ses proches, de ses collègues, des autres travailleurs, même si, dans certaines circonstances, comme actuellement les secteurs qui sont assujettis aux régimes spéciaux et ne sont pas immédiatement concernés par la réforme des retraites l'on n'est pas touché directement soi-même. Le gouvernement n'avait pas prévu que ces travailleurs des services publics puissent se mettre en grève: il avait sans doute fini par croire sa propagande condamnant le corporatisme. Il n'imaginait pas que la solidarité ouvrière existe, et que ces salariés ne sont pas assez naïfs pour ignorer qu'ils seront les futures victimes.
Les enseignants ne pouvaient ignorer que leur grève démarrait dans une période difficile, proche des examens. Mais ce ne sont pas des intérêts corporatistes qui les ont décidés à déclencher un mouvement qui a fait tâche d'huile, mais bien le fait qu'il n'y a pas d'autre choix pour empêcher la lourde dégradation annoncée sous couvert de décentralisation.
Chirac, Raffarin, Fillon et autres voudraient que les travailleurs se taisent, sous prétexte que des élections, avec de surcroît un mode de scrutin particulièrement inique, les ont placés là où ils sont pour cinq ans. Ils se trompent: les travailleurs ne sont pas prêts à les laisser faire sans réagir.