A l'appel des syndicats, le lundi 28 avril le personnel de la distribution de Paris faisait grève à 50% et la manifestation devant les directions de La Poste regroupait près d'un millier de grévistes. Pour la majorité il s'agissait surtout de donner un avertissement à la direction. Le lendemain mardi 29 le nombre des grévistes passait à 25%, puis à 10% le mercredi 30 avril. Mais le mardi c'est encore près d'un millier de manifestants qui se retrouvaient devant le siège de La Poste pour dire non aux suppressions d'emplois, et non à toutes les remises en cause de leurs conditions de travail, comme de leurs droits aux congés.

Les facteurs et la distribution des vingt arrondissements de Paris, en réagissant ensemble au coude à coude, ont montré qu'ils étaient capables de déjouer les divisions que la direction de La Poste met toujours en avant pour faire passer ses attaques contre tous.

Ce sont les attaques contre les postiers de Paris 6, où près de 25% des postes devaient être supprimés, qui ont entraîné cette riposte unitaire sur tous les bureaux de poste. C'est un fait nouveau car, jusque-là, si les attaques précédentes se déroulaient selon le même scénario, bureau par bureau, les organisations syndicales se contentaient d'organiser des réactions séparées, dans le cadre imposé par la direction de La Poste. La preuve que l'on peut déjouer cette division artificielle a été donnée. Les postiers savent bien qu'après Paris 6 ce sont ensuite tous les bureaux de poste qui seront touchés, avec mille emplois menacés à la clé sur tout Paris.

Mais le problème des suppressions d'emplois, même sur Paris, n'est pas limité à la seule distribution: il touche en ce moment même les centres de tri non encore fermés, les chèques postaux et la CNE en pleine restructuration, avec en ligne de mire des diminutions importantes d'effectifs. Il aurait été juste de faire se rejoindre au moins l'ensemble des personnels de La Poste sur une même réaction. D'autant que ce problème se pose au niveau de tout le pays pour les quelque 300000 employés de La Poste, avec un tiers de contractuels qui pourraient être particulièrement menacés.

Le fait de se retrouver ensemble a redonné du moral à beaucoup de postiers. Il a fait toucher du doigt à tous que, réunis dans la lutte, nous représentons une force qui compte. D'ailleurs grévistes et manifestants ont eu l'occasion de parler de l'avenir. Beaucoup avaient aussi en tête les attaques en cours sur les retraites, sur la santé, parlant de la préparation de la grève du 13 mai et des suites qu'il faudrait lui donner.

Le 1er mai, les postiers de Paris ont formé un cortège dynamique de plus de deux cent personnes dans le cortège de la CGT, en se donnant rendez-vous pour le 13.