Explication de vote d'Arlette Laguiller, Armonie Bordes et Chantal Cauquil, le 9 avril 2004.

Bien que l'unique question posée aux députés concerne "l'avis conforme sur la demande" d'adhésion de dix nouveaux pays à l'Union européenne, on demande au Parlement d'avaliser par la même occasion le contenu du projet de traité qui en décide.

Étant pour l'unification de l'ensemble du continent et la suppression des frontières qui le morcellent, nous sommes évidemment pour le droit de ces pays d'adhérer à l'Union européenne, si tel est le choix de leurs peuples. Nous sommes, en revanche, tout à fait opposées à l'esprit comme à la lettre du projet de traité que les institutions européennes veulent leur imposer.

Sur le fond, ce traité officialise en fait l'inégalité entre la partie riche de l'Europe et sa partie pauvre. Le mot "intégration" couvre des rapports de domination entre l'Europe impérialiste qui considère les pays nouvellement adhérents, et notamment l'Est européen, comme des chasses gardées pour leurs groupes financiers et industriels.

Sur la forme, ce traité est imposé aux pays nouvellement adhérents par le chantage, ne leur laissant le choix que de l'accepter en l'état ou rester en dehors.

Dans le domaine budgétaire comme dans le domaine politique, le traité établit une Europe à deux vitesses où certains seront "plus égaux que d'autres". Détail qui en dit long: pendant que les capitaux d'Occident ont, dès à présent, toute liberté de s'investir dans les pays nouvellement intégrés, les travailleurs de ces pays n'auront pas la liberté de s'installer dans l'Union européenne pendant toute une période transitoire.

En conséquence, nous avons voté contre le rapport Brok justifiant le traité et nous nous sommes abstenues sur les rapports pays par pays.