Irak : Les pillards impérialistes contre les masses pauvres17/04/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/04/une1811.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Irak : Les pillards impérialistes contre les masses pauvres

Il n'aura pas fallu bien longtemps pour que les médias et dirigeants occidentaux oublient leur hypocrite sollicitude passée envers le peuple irakien pour se retourner contre lui au nom d'une vertueuse condamnation des scènes de pillage qui ont marqué la chute du régime de Saddam Hussein.

Comme si les véritables pillards n'étaient pas, d'abord, ces bourgeoisies impérialistes nanties qui, après avoir fait ou laissé assassiner des milliers d'Irakiens sous prétexte de renverser un dictateur qui ne leur convenait plus, après avoir transformé les habitations de milliers de foyers en amas de gravas et privé les millions d'habitants des zones urbaines d'électricité et d'eau potable, commencent déjà à se battre comme des vautours pour se partager les dépouilles du pays vaincu!

Pour une part au moins, les scènes de pillage de ces derniers jours n'ont fait que refléter la misère de toute une population -misère dont l'impérialisme est le premier responsable, d'abord parce qu'il a pillé l'Irak depuis sa formation sous la colonisation britannique, et ceci sur une tout autre échelle, puis parce qu'il a asphyxié son économie par douze années de sanctions avant de la paralyser par une nouvelle guerre d'invasion.

À Bassora, par exemple, c'est à de véritables émeutes de la faim qu'on a assisté. L'armée britannique ne faisant rien pour pourvoir aux besoins d'une population affamée par un siège en règle de trois semaines, celle-ci s'est servie elle-même en s'attaquant à tous les dépôts de nourriture qu'elle pouvait trouver, des entrepôts fermés des ONG au ravitaillement de l'armée anglaise en passant par les magasins de commerçants prospères. Cela n'a pas empêché Blair de dénoncer les émeutiers de Bassora comme des « criminels », car admettre qu'il s'agissait d'émeutes de la faim aurait été reconnaître que loin de « libérer » les populations, les troupes occidentales n'ont fait que les affamer.

À Bagdad et à Mossoul, les pillages ont revêtu un caractère, semble-t-il, plus politique, au sens où ils ont visé principalement tout ce qui pouvait passer de près ou de loin, à tort ou à raison, comme des symboles du pouvoir déchu -des ministères et ambassades jusqu'aux hôpitaux et aux musées d'État. Mais là encore, la vue de ces milliers d'hommes, de femmes et d'enfants s'enfuyant avec le premier objet pouvant leur tomber sous la main ne laisse guère de doute sur les motivations du plus grand nombre: sans doute se venger symboliquement de la dictature, mais aussi emporter quelque chose à vendre dans la rue, dans ces villes où, le chômage et la misère aidant, le commerce de rue est devenu le seul moyen de survivre pour toute une partie de la population.

En dehors d'exhortations à l'ordre, les troupes d'occupation ne sont pas intervenues contre cette explosion de pillages. Sans doute, comme l'a expliqué un porte-parole de l'armée britannique, les généraux ne souhaitaient-ils pas prendre le risque de provoquer la colère d'une population qui, après avoir souffert des bombardements et autres conséquences de l'invasion, aurait bien des comptes à régler avec les forces d'occupation. Mais sans doute cette attitude cachait-elle aussi un calcul politique. Car il n'a pas fallu longtemps pour que des représentants des couches aisées de la population viennent d'eux-mêmes demander aux forces d'occupation qu'elles assurent la protection de leurs biens.

Et c'est ainsi que, tout naturellement, « pour répondre à la demande de la population », les généraux occidentaux ont fait appel aux « spécialistes » locaux du maintien de l'ordre - les anciens policiers de Saddam Hussein, ceux-là même que, il n'y a pas si longtemps, les politiciens occidentaux dénonçaient, sans mentir pour une fois, comme des tortionnaires.

Déjà deux à trois mille de ces sbires de la dictature auraient repris du service à Bagdad et quelques centaines à Bassora. Et ils se montrent d'autant plus obéissants envers leurs nouveaux maîtres qu'ils ont plus de choses à se reprocher et donc plus de raisons de redouter que les masses pauvres ne veuillent prendre leur revanche pour les années de dictature qu'elles ont subies.

Ainsi, avant même que cette guerre soit finie et que l'ensemble du pays soit passé sous le contrôle des forces d'occupation, les masses pauvres se retrouvent de nouveau face aux sbires de la dictature, dans les mêmes uniformes, cette fois sans Saddam mais sous la protection des tanks impérialistes.

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