Haute-Savoie - Logement : Des discours loin de la réalité10/04/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/04/une1810.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Haute-Savoie - Logement : Des discours loin de la réalité

Suite au dernier conseil départemental de l'habitat, avait lieu à la DDE (Direction Départementale de l'Équipement) d'Annecy une conférence de presse pour faire le point sur la question du logement : ce fut une séance d'autosatisfaction pour les notables locaux ! Mais la réalité vécue par les travailleurs est toute autre.

En effet, depuis le début des années 1990, la Haute-Savoie gagne chaque année plus de 7 000 habitants et 3 500 emplois. Mais si ce développement est rapide, pour ce qui est du logement, la situation est beaucoup moins brillante. Des études officielles ont récemment démontré qu'il faudrait construire chaque année 6 000 logements, dont 1 500 locatifs " sociaux ". Or dans la dernière décennie, il ne s'en est construit que 5 000 dont 750 " sociaux ". Résultat : les loyers dans le parc privé sont extrêmement chers (les plus élevés en France après Paris).

Cette situation est particulièrement préoccupante dans le domaine du logement social. Pour être au niveau de la moyenne nationale ou régionale, il en faudrait 13 000 de plus sur un total actuel de 30 000.

Pourtant, à les entendre, les responsables départementaux feraient le maximum et ne manquent pas une occasion pour le faire savoir. Le nouveau préfet multiplie discours et réunions sur le logement social et l'exclusion, mais il vient d'annoncer que les crédits ministériels finançant le logement social seront probablement réduits de moitié en 2003.

De même, le préfet avait annoncé son intention d'imposer des règles plus strictes aux bailleurs sociaux pour l'attribution des logements aux familles en grande difficulté. Mais il y a vite renoncé devant leur opposition. À la tête des bailleurs sociaux, on trouve en effet bon nombre d'hommes politiques du département qui privilégient la rentabilité financière.

De son côté, le Conseil général finance bien la construction de logements sociaux même si, comme il le rappelle souvent, ce n'est pas de sa compétence. Mais ce n'est qu'une part ridicule : un million sur un budget de 500 millions d'euros ! Aucune hésitation par contre pour financer des déviations de routes nationales, alors que ce type de voirie dépend de l'État, ou encore subventionner la ligne aérienne Annecy-Paris... qui ne sert quasiment qu'aux notables et aux patrons !

Autre Tartuffe : le président du Medef local (qui est également président du principal organisme collecteur du 1 % logement) communique beaucoup sur le sujet, mais uniquement pour sa propre publicité et faire carrière ! Mais dans le domaine de l'hypocrisie, c'est le député et maire d'Annecy-le-Vieux (par ailleurs responsable national de l'UMP), B. Accoyer, qui décroche le pompon. Juste avant les législatives de juin 2002, il ne s'est pas passé une semaine sans qu'on voie sa photo dans la presse locale devant les quelques opérations de logements sociaux qui se faisaient sur sa commune. Celle-ci, concernée par l'obligation d'avoir 20 % de logements sociaux, - ce qui correspondrait à 1 700 - franchit à peine le cap des 1 000 ! En fait, il a toujours privilégié les constructions résidentielles, ce qui fait de sa commune la plus chère de l'agglomération pour se loger.

Et pendant que ce petit monde se gargarise de discours, il n'est pas rare de rencontrer des travailleurs venant d'autres régions, avec pourtant un contrat de travail en poche, qui dorment dans leur voiture parce qu'ils n'ont pas trouvé de logement à louer qu'ils puissent payer, ou bien comme ces jeunes travailleurs de SNR (la plus grosse entreprise industrielle du département) qui louent à plusieurs une chambre de Formule 1.

Dans les stations de sport d'hiver, les travailleurs saisonniers souffrent particulièrement du manque de logements. Parallèlement l'activité des " marchands de sommeil " se développe. Ainsi l'an dernier à Chamonix, 40 saisonniers étaient entassés dans une maison où un lit dans un couloir se négociait 120 euros... et tout cela à quelques centaines de mètres des résidences les plus huppées !

Faire des discours, briller en réunion, tous ces responsables départementaux savent le faire. Mais quand il faut s'attaquer réellement au problème du logement social, et fournir aux travailleurs des conditions de logement décentes, ce n'est plus leur problème !

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