Élections régionales : Changement dans la continuité antidémocratique !10/04/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/04/une1810.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Élections régionales : Changement dans la continuité antidémocratique !

Le jeudi 3 avril, le Conseil constitutionnel déclarait contraire à la Constitution l'article de la nouvelle loi sur les élections régionales qui imposait un seuil de suffrages correspondant à 10 % des électeurs inscrits pour une liste, afin qu'elle puisse se maintenir au deuxième tour et ainsi participer à la répartition des sièges.

Le jour même, Raffarin annonçait que le gouvernement allait en revenir à son projet initial, qui fixait ce seuil à 10 % des votants. Rappelons que, auparavant, l'élection avait lieu à un tour et que, pour qu'une liste soit prise en compte dans la répartition des sièges, il lui fallait recueillir au moins 5 % des voix. Bien que le caractère antidémocratique de la loi soit maintenu dans ses principes, non seulement cela n'a plus soulevé aucune protestation de la part du clan des députés protestaires, mais une bonne partie d'entre eux a même crié " victoire ".

Cela en dit long sur la sincérité de tous ces prétendus " démocrates ", de l'UDF de Bayrou aux socialistes, qui dans des déclarations solennelles en avaient appelé " au respect du pluralisme " et " au droit pour les électeurs d'être représentés par les élus de leur choix ".

D'ailleurs, ce qu'a censuré le très réactionnaire Conseil constitutionnel, ce n'est pas le principe d'empêcher les électeurs de choisir librement leurs élus, mais simplement le fait que cette mesure ait été ajoutée tardivement, et aussi le caractère confus de la loi. Le Conseil serait bien en peine en effet de s'opposer aux atteintes à la juste représentation de tous les courants politiques, car toutes les autres élections, législatives, cantonales ou municipales, sans parler des présidentielles, ont été justement conçues pour limiter, de façon plus ou moins radicale selon les cas, la liberté de choix des électeurs, en particulier en ce qui concerne les courants minoritaires.

Le paradoxe de cette affaire, c'est que le principal gagnant de cette " grande victoire démocratique ", se retrouve être le Front National, alors que l'objet de la nouvelle loi était paraît-il justement de lui faire obstacle. En fait, c'est lui qui pourra sans doute passer la barre des 10 % des votants dans bien des cas, alors que les listes d'extrême gauche, même celles qui avaient recueilli 7 % des voix dans certaines régions ouvrières, se trouveraient cette fois totalement éliminées de toute représentation.

Pour la majorité des autres formations politiques, il ne s'agit pas d'un problème de principe, mais simplement de marchandage électoral, de places à négocier avec leurs alliés du moment, tant elles sont proches sur le fond et prêtes à mener toutes la même politique, quelle que soit leur étiquette. Une politique qui a consisté dans toutes les régions, d'abord à servir les intérêts des privilégiés, à multiplier les aides diverses et subventions en tous genres au patronat et aux possédants, et à offrir des marchés juteux à toute une série d'entreprises et d'abord aux plus grandes.

Partager