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Leur société
Raffarin s'attaque aux fonctionnaires... et à tous les salariés
Après que le gouvernement a bien été obligé de reconnaître que ses prévisions de croissance étaient surestimées, Raffarin et le ministre des Finances, Francis Mer, jurent leurs grands dieux qu'ils ne prévoient ni rigueur ni austérité.
Comme si, pour les travailleurs en activité, les chômeurs, les licenciés, les retraités, l'une et l'autre n'étaient pas déjà là! Comme si le gouvernement ne se préparait pas, si la conjoncture continue à se dégrader, à enrayer l'aggravation du déficit par de nouvelles économies faites sur le dos du monde du travail, par des coupes claires dans les dépenses concernant les conditions de travail et de vie de la population laborieuse. Car le gouvernement ne touchera pas aux contribuables les plus fortunés, ceux des tranches supérieures de l'imposition sur le revenu, dont les barèmes ont été réduits. Il ne touchera pas non plus au taux de 19,6% de la TVA, qui pèse lourdement sur un grand nombre de produits indispensables.
En revanche et sans attendre, le gouvernement prévoit de faire des économies en s'en prenant aux employés de l'État.
On manque de personnel dans les hôpitaux, dans les transports, dans l'Education nationale, dans tous les services publics utiles à la population, mais pour le gouvernement, il y a trop de fonctionnaires! Et Francis Mer a expliqué sans vergogne : "Nous avons commencé dès l'année dernière à baisser les effectifs,", ajoutant: "Et nous continuerons sans problème particulier"... Croit-il!
Car il n'est pas du tout dit que les salariés de la fonction publique se laissent faire et ne fassent pas éclater leur colère devant cette politique. D'autant plus qu'à la baisse programmée des effectifs, il faut ajouter d'autres projets des acolytes de Mer. Le ministre délégué au Budget, Alain Lambert, explique qu'il faut avoir "la loyauté de dire que nous pouvons ne pas remplacer tous les départs à la retraite", ce qui signifie encore plus de baisses d'effectifs dans les prochaines années dans les écoles, les transports, les hôpitaux.
Dans le cadre de la décentralisation, le transfert décidé de quelque 150000 fonctionnaires d'État vers les régions et les départements a également de quoi inquiéter. Car l'État ne va pas transférer en même temps les moyens financiers correspondants et nécessaires vers les collectivités locales, qui risquent alors de prétexter leur incapacité financière à maintenir tous les emplois pour se débarrasser de nombre d'entre eux.
Enfin, la réforme des retraites suit son cours et le gouvernement n'a pas abandonné un iota de son projet contre lequel, le 1er février, des dizaines et des dizaines de milliers de travailleurs de la fonction publique mais aussi du secteur privé sont descendus dans la rue. L'allongement à 40 annuités d'abord, puis 42 et plus encore, de la durée des cotisations est toujours dans les cartons, de même que la remise à plat des systèmes particuliers et plus avantageux, pour certains travailleurs des services publics, que le système général. Sans parler des salaires qui, pour l'année 2002, n'ont été réajustés que de 1,3% en moyenne - et on sait ce que valent les moyennes! -, soit bien en dessous de l'inflation, sous prétexte que le gouvernement n'aurait pas les moyens de faire mieux... alors que dans le même temps il verse des milliards au patronat privé!
Les menaces gouvernementales à l'adresse de l'ensemble des fonctionnaires mais aussi de l'ensemble des travailleurs, du secteur privé comme du secteur public, se précisent. Face à elles, la préparation d'une mobilisation générale, offensive, susceptible de faire craindre la colère ouvrière au gouvernement pour le contraindre à renoncer à ses projets, est indispensable.
Pour l'instant, les fédérations syndicales de l'Education nationale appellent les enseignants mais aussi les surveillants et l'ensemble du personnel technique, administratif, etc., à une journée de grève le 18 mars, contre la décentralisation et ses conséquences. Elle devrait être suivie début avril d'une journée de mobilisation sur les retraites, à laquelle seraient alors appelés aussi bien les travailleurs du secteur public que du secteur privé.
Il dépend des travailleurs eux-mêmes que ces journées ne soient pas des coups d'épée dans l'eau, sans lendemain, mais retentissent aux oreilles des gouvernants et du patronat comme autant d'avertissements. Le monde du travail en a plus qu'assez de subir austérité, rigueur, plans de licenciements, suppressions d'emplois, blocage des salaires et remises en cause de leurs systèmes de retraite, et sa riposte doit aller en s'amplifiant.