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Leur société
Grenoble : Une menace d'expulsion mise en échec
Mardi 25 février, deux cents personnes se sont rassemblées devant la préfecture de l'Isère, au centre-ville de Grenoble, pour protester contre la multiplication des arrêtés de reconduite à la frontière prononcés par le préfet, et pour la régularisation de tous les sans-papiers.
La Coordination iséroise de soutien aux sans-papiers, qui organisait le rassemblement, a dénoncé dans sa prise de parole la situation de plus en plus difficile faite aux demandeurs d'asile et le cas dramatique d'une famille algérienne menacée d'expulsion hors du territoire. En effet, une demi-heure avant le début du rassemblement, le préfet venait de confirmer son arrêté d'expulsion!
Le lendemain matin, le tribunal administratif devait statuer sur ce cas. Près de quatre-vingts personnes se pressaient dans la petite salle d'audience de ce tribunal, dont beaucoup de familles avec des enfants, venues montrer leur soutien à la famille Dadi.
Il y avait beaucoup d'émotion dans l'assemblée quand l'histoire de cette famille a été racontée par leur avocat. Mme Dadi, fille de harki, a fui la première l'Algérie après une attaque terroriste dans son village qui lui a fait perdre son premier enfant. M. Dadi, ouvrier qualifié dans le port pétrolier d'Arzew, après avoir voulu retourner au pays car il ne supportait pas sa situation de précarité en France, est revenu en 2000 pour tenter de mettre fin à la situation de séparation familiale. Il a fait aussitôt une demande d'asile territorial qui lui a été refusée plusieurs fois.
Un frémissement d'indignation a parcouru l'assistance quand le représentant du préfet a affirmé, avec beaucoup d'aplomb, que cette femme ne craignait rien pour sa sécurité en Algérie, qu'elle était restée illégalement en France avec un visa touristique, qu'elle n'avait pas fait les démarches dans les temps... Être seule à Paris avec deux enfants en bas âge ne semblait donc pas une excuse valable!
Le juge a rendu son verdict en début d'après-midi, alors que cinquante personnes assistaient encore à l'audience, donnant un sursis, afin que M. Dadi puisse prouver sa nationalité, car sa mère aurait conservé sa nationalité française et serait en possession d'une carte d'identité française depuis décembre 2002. Cependant il a été impossible jusqu'à maintenant pour l'avocat, malgré des demandes répétées faites auprès des préfectures, d'avoir un document officiel pour le fils.
Ce sursis a été pris avec un énorme soulagement par tous les présents, avec l'espoir de voir se clore heureusement cette triste affaire.
La porte-parole de la coordination n'a pas pu ne pas évoquer de multiples autres cas, où malheureusement la mobilisation et la médiatisation n'ont pas été aussi fortes et qui se sont soldés par des échecs. Elle a appelé à maintenir l'effort en signalant que certaines semaines, et ce n'est pas exceptionnel en ce moment, le tribunal administratif de Grenoble dont dépendent quatre départements, doit statuer sur 18, voire 20 cas d'arrêtés d'expulsion.