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- Lutte ouvrière n°1803
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Leur société
Soutenons la marche des femmes des quartiers pour l'égalité
" Ni putes, ni soumises ", ont-elles inscrit sur leurs tee-shirts et les tracts qu'elles distribuent. Depuis le 1er février, un groupe de jeunes filles et femmes ont décidé de parcourir vingt-quatre villes de France pour protester contre l'oppression et le mépris dont les femmes sont victimes dans les cités de banlieue, et qui peuvent aller jusqu'au meurtre. Leur marche se terminera le 8 mars (journée internationale des femmes) par une manifestation parisienne.
A l'initiative de cette action se trouve la soeur de Sohane, une jeune fille de 17 ans brûlée vive en octobre dernier dans une cité de Vitry-sur-Seine par un garçon à qui elle résistait. Pour que de tels actes de barbarie ne se reproduisent plus, pour faire reconnaître le droit des femmes à l'égalité et à la dignité, ces jeunes filles ont décidé de se mobiliser, et lancent " un appel pour que dans chaque cité de France, les soeurs et les mères entendent ce cri de liberté et rejoignent (leur) combat pour mieux vivre dans les quartiers ".
La montée des idées réactionnaires touchent toutes les couches de la société, mais l'obscurantisme, qu'il s'appuie sur la " tradition " ou la religion, se développe avec plus de force lorsqu'il pousse sur un terreau de misère matérielle et morale qui est le lot des cités. Si la situation de tous les habitants des quartiers populaires s'est considérablement dégradée ces vingt dernières années, les femmes, et plus particulièrement les jeunes filles, subissent la double oppression de la misère et des préjugés. Leurs droits les plus élémentaires, celui d'être libres de leur personne et de pouvoir choisir leur vie, sont quotidiennement bafoués. " Oppressées socialement par une société qui nous enferme dans des ghettos où s'accumulent misère et exclusion, étouffées par le machisme des hommes de nos quartiers qui au nom d'une "tradition" nient nos droits les plus élémentaires ", dénoncent-elles, elles ont décidé de relever la tête. Car au nom des soi-disant traditions (qui pèsent essentiellement sur les filles de milieux immigrés) et de la religion, elles doivent rester cloîtrées chez elles après l'école, si elles ne veulent pas subir les insultes, voire les violences, de la part des garçons des cités, et celles qui tentent de faire valoir leur droit à l'égalité entre hommes et femmes sont traitées de putains. Elles sont surveillées partout, même à l'école, où il se trouve toujours un frère, un cousin, un copain pour dénoncer à leur entourage tout comportement que ces petits caïds ignorants jugent non conforme à l'idée qu'ils se font des femmes.
Avec dignité et courage (car il en faut pour s'opposer aux garçons qui, parfois avec brutalité, s'érigent en gardiens des moeurs), des jeunes filles ont décidé de relever la tête et de lutter pour le droit des femmes à l'égalité. Elles se battent au nom de toutes les femmes des quartiers populaires, des jeunes qui veulent pouvoir décider de leur vie, des mères dont la seule fonction sociale qui leur soit reconnue est de s'occuper de leur foyer, et même des hommes qui, victimes de leurs préjugés et des pressions religieuses, sont incapables de concevoir que puissent exister des rapports égalitaires et harmonieux entre hommes et femmes.
Lutte Ouvrière leur apporte tout son soutien et appelle à les accueillir dans les villes où elles font étape et dont voici la liste : 21 février : Strasbourg ; 24 février : Metz ; 26 février : Charleville-Mézières ; 28 février : Lille ; 1er mars : Fontenay-sous-Bois ; 3 mars : Sarcelles - Cergy ; 4 mars : Asnières ; 5 mars : Épinay-sur-Seine ; 6 mars : Sainte-Geneviève-des-Bois ; 7 mars : Evry. Cette marche se terminera le 8 mars par une manifestation à Paris.