En Espagne, les manifestations du samedi 15 février ont été les plus importantes qui ont eu lieu dans ce pays depuis 25 ans. Il y en a eu dans toutes les grandes villes, mais aussi dans de plus modestes. Ce sont plusieurs millions de personnes qui ont défilé ou sont restées bloquées pendant des heures comme à Madrid où il a été impossible de défiler en empruntant le parcours prévu. Le gouvernement n'a même pas essayé de polémiquer sur les chiffres tant le succès des manifestations dépassait les prévisions.

Ces manifestations convoquées entre autres par les partis de gauche, appuyées par de nombreux artistes, exprimaient bien sûr le refus d'une partie très importante de l'opinion publique de voir le gouvernement emboîter le pas aux dirigeants américains dans une aventure guerrière contre l'Irak. Et il faut dire que l'utilisation continuelle des bases hispano-américaines de Rota et Moron dont les travailleurs n'ont pas le droit de dire ce qui s'y passe, alimente une inquiétude réelle devant une menace de guerre.

Mais l'ampleur des manifestations s'explique aussi par l'ampleur du mécontentement que provoque dans les couches populaires la politique d'Aznar et qui s'est déjà exprimé lors de vastes manifestations, comme par exemple celles contre la réforme de la législation du travail qui avait fait descendre des millions de travailleurs dans la rue, ou celles qui en Galice avaient montré l'ampleur de la colère de la population, victime de la catastrophe du Prestige, devant l'indifférence et l'inertie des dirigeants nationaux et régionaux.

A quelques mois d'échéances électorales, les partis d'opposition au Parti Populaire actuellement au pouvoir vont bien sûr surfer sur ce mécontentement. Mais l'ampleur de la mobilisation est aussi un encouragement pour tous ceux qui pensent qu'il ne faut pas baisser les bras.