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- Lutte ouvrière n°1802
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Leur société
En avoir (fiscal) : Ou pas
Trois millions d'euros : c'est la coquette somme que deux jeunes gens ont bien failli escroquer au fisc, si celui-ci ne s'était pas trompé d'adresse en envoyant son chèque. Mais le piquant de l'affaire, c'est que l'heureux bénéficiaire de ce chèque... était un personnage fictif, créé de toutes pièces pour l'occasion.
Les impôts, on peut certes en payer, mais on peut aussi en recevoir. Il suffit pour cela d'être bénéficiaire de " l'avoir fiscal ", une disposition vieille de plusieurs décennies.
Techniquement, cet " avoir fiscal " se présente ainsi : si on est actionnaire et que l'on touche par exemple 100 000 euros de dividendes, on ajoute alors sur sa feuille d'impôts 50 000 euros fictifs que l'on déduit ensuite du montant de son impôt. Si le procédé est un peu alambiqué, le résultat est garanti. C'est notamment grâce à cet " avoir fiscal " que plusieurs grands patrons avaient pu se vanter dans les médias de ne pas payer, en toute légalité, un seul franc d'impôt sur leurs copieux revenus.
Si l'on se débrouille encore mieux, la déduction d'impôts peut dépasser la somme à payer. Dans ce cas, on peut alors tout à fait réclamer la différence au Trésor Public ! C'est cette disposition, répétons-le, parfaitement légale, que les deux jeunes escrocs ont tenté de mettre à profit.
Cette fois-ci, le chèque des impôts était adressé à un personnage imaginaire. Mais chaque année, ce sont des centaines de milliers de rentiers bien réels, en chair et en os, qui avec l'avoir fiscal payent moins d'impôts sur le revenu, n'en payent pas du tout, voire perçoivent carrément de l'argent du Trésor Public, sans que personne dans le monde des politiciens bourgeois y ait jamais trouvé à redire.
On a souvent coutume de dire qu'on ne prête qu'aux riches. Eh bien le fisc, lui, préfère leur donner !