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- Lutte ouvrière n°1798
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Dans les entreprises
Daewoo Mont-Saint-Martin (Meurthe-et-Moselle) : Contre la menace de fermeture la lutte continue
Le 8 janvier, les travailleurs de Daewoo ont levé l'ultimatum : ils avaient menacé de déverser des produits chimiques dans la rivière voisine de l'usine de Mont-Saint-Martin. Cette menace avait mobilisé les autorités qui voyaient là quasiment une action terroriste. Et pourtant, pendant des dizaines d'années, les patrons de la sidérurgie ont pollué tant et plus la rivière alors que les autorités, selon le mot de la responsable de l'UL CGT, " fermaient leur gueule ".
Il n'empêche que cette menace, preuve d'une certaine détermination, a contraint les pouvoirs publics à promettre d'intervenir si l'usine fermait. Car ce risque demeure. Le 9 janvier, le tribunal de commerce a mis Daewoo en redressement judiciaire après que le trust eut demandé le dépôt de bilan. L'usine aurait plus de 120 millions d'euros de dettes (pour un chiffre d'affaires annuel de 60 millions)... à tel point que la justice s'interroge : pourquoi Daewoo n'a-t-il pas déposé plus tôt le bilan ?
Comme l'a dit l'avocat des salariés, il s'agit en fait d'un " vrai-faux redressement " : le délai d'un mois fixé par le tribunal ne permettant aucun " redressement ". Le tribunal a fait le chantage à la reprise du travail et se réunira, le 22 janvier, pour vérifier s'il a bien repris. L'avocat veut profiter de ce délai pour engager des poursuites contre Daewoo qui a, rappelons-le, touché plus de 200 millions de francs d'aides publiques pour s'installer à Mont-Saint-Martin, soit plus de 400 000 F par salarié.
Où est partie cette fortune ? Le trust Daewoo se prétend aujourd'hui en faillite et les travailleurs sont menacés par le chômage. Pas le fondateur du groupe Kim Woo-choong. Poursuivi pour escroquerie et malversations depuis 1999 par la justice coréenne, il serait recherché par toutes les polices du monde. Pas très activement puisque, selon Libération, il voyage beaucoup grâce au passeport français qu'il a obtenu en même temps que les aides pour ses implantations en Lorraine et il posséderait une villa de milliardaire sur la Côte d'Azur !
Ce que revendique l'intersyndicale, ce sont des garanties en cas de liquidation : une indemnité de préjudice, deux ans de congés de conversion.
À l'issue de la séance du tribunal, l'assemblée générale avait décidé de remettre en route l'usine (il faut une dizaine de jours de Maintenance) tout en continuant " l'occupation et les actions ". De son côté la CFDT - qui s'est " retirée " du conflit début janvier en dénonçant l'ultimatum de l'intersyndicale comme du " terrorisme " - avait choisi d'organiser un vote le lundi 13 avec l'alternative " pour l'occupation " ou " pour la reprise du travail ". Le secrétaire de l'UL CFDT expliquait : " On peut avoir plus à condition de reprendre le travail " (sic). Le vote s'est déroulé dans la confusion : 109 pour la reprise du travail, 12 pour l'occupation et 57 nuls à l'appel de l'intersyndicale.
L'intersyndicale CGT-FO-CFTC a donc décidé d'organiser un vote à bulletins secrets le lendemain, mardi 14 janvier. Suite au chantage à la reprise du travail par le tribunal, il était proposé de redémarrer l'usine soit en arrêtant l'occupation, soit en la maintenant pour garder la main sur les stocks et la production. Sur 166 votants, 145 se sont prononcés pour le maintien de l'occupation, 21 pour sa levée.
Ce même jour, le gouvernement a annoncé qu'il allait mettre en oeuvre un plan d'urgence pour le bassin de Longwy. Ce n'est jamais qu'un de plus. En 1997, le gouvernement Jospin avait déclaré Longwy " priorité nationale " après la fermeture des usines JVC et Panasonic. Résultat : 17 emplois créés en grande pompe en janvier 2000. Cette annonce confirme donc à sa façon la prochaine fermeture du site. C'est dire que les travailleurs de Daewoo n'ont pas intérêt à relâcher la lutte.