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- Lutte ouvrière n°1797
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Dans les entreprises
Nos lecteurs écrivent : Vivement que ça pète contre tous ces escrocs !
" Chauffeur chez Jean-Michel Pascal, je subis la mise en redressement judiciaire de cette entreprise basée à La Talaudière, dans la banlieue de Saint-Etienne.
Cela faisait plusieurs semaines que des bruits alarmistes circulaient parmi les chauffeurs, mais la surprise est venue de plusieurs côtés. D'abord mon chèque pour le salaire d'octobre était en bois. Ensuite, j'ai reçu des appels téléphoniques de collègues bloqués en Italie, en Allemagne ou en Angleterre. Alors qu'ils payaient leur plein dans une station service, il s'est avéré que la carte de paiement était refusée, car le compte n'était plus approvisionné ! Depuis ce 14 novembre et depuis le redressement, prononcé le 21 novembre, nous ne touchons pas nos salaires complets.
Le patron est un magouilleur qui a démarré avec quelques camions et qui s'est retrouvé à la tête d'une boîte de 198 salariés. Prêt à tout pour gagner de l'argent, il n'a pas hésité à embaucher des chauffeurs polonais, qu'il faisait rouler aux conditions et aux tarifs polonais, la pire exploitation. L'hebdomadaire de la Fédération Nationale des Chauffeurs Routiers a même publié la photo de deux camions de J-M Pascal bloqués par la police sur un parking en Autriche, les chauffeurs polonais étaient complètement en infraction avec la législation.
Aujourd'hui, notre avenir est plus qu'incertain. Malheureusement, mes collègues ne m'ont pas suivi quand je leur ai proposé de se mettre en grève tous ensemble. Alors que nous ne sommes pas payés, certains ont tellement peur qu'ils roulent quand même. L'un d'eux a même avancé de sa poche le montant d'un plein. Certains collègues, poussés par le besoin, en sont réduits à accepter de véritables aumônes, le patron se contentant de leur donner quelques billets de 10 ou 20 euros tirés de sa poche.
Les cartes de crédit pour faire les pleins ne sont donc pas approvisionnées. On ne peut faire les pleins que dans les dépôts. Ce qui fait que, pour un trajet Périgueux-Béziers, j'ai dû passer par Clermont-Ferrand pour faire le plein !
Près de deux cents chauffeurs sont dans une situation intenable et ce patron n'est inquiété par personne. Lors d'une réunion avec un adjoint de l'administrateur judiciaire, alors que je demandais si l'on pouvait connaître un peu les comptes de ce patron, on m'a vertement répondu que cela ne me regardait pas ! "