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- Lutte ouvrière n°1797
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Côte d'Ivoire : Retrait immédiat des troupes françaises !
Moins de 48 heures après le déplacement en Côte-d'Ivoire du ministre des Affaires étrangères Dominique de Villepin, qui se vantait d'avoir réenclenché le processus de paix, de violents combats ont opposé des rebelles aux troupes françaises dans l'ouest du pays. Le bilan de ces affrontements aux portes de la ville de Duékoué serait de 30 morts parmi les rebelles, et de 9 blessés parmi les soldats français.
Ce n'est pas la première fois que cette ville, noeud routier donnant accès à la " boucle du cacao " et au port de San Pedro, par où transitent la moitié des exportations de cacao, est le théâtre d'affrontements entre les soldats français du dispositif " Licorne " et des forces armées appartenant soit au Mouvement Populaire Ivoirien pour le Grand-Ouest (MPIGO), soit au Mouvement pour la Justice et la Paix (MJP). Mais celui-ci a été le plus important et le plus sanglant.
Comme à chaque fois, la plupart des commentateurs reprennent à leur compte la version de l'état-major français et rejettent la responsabilité des événements sur les rebelles. Comme si le gouvernement français, en décidant d'envoyer 2 500 soldats lourdement armés aux frontières des zones tenues par les rebelles, n'avait pas délibérément pris le risque de tels affrontements ! La colère des opposants est d'autant plus compréhensible que le dispositif militaire français n'est pas neutre. Son rôle n'est pas tant de séparer les belligérants et de faire respecter un quelconque cessez-le-feu que de contenir l'avancée des troupes rebelles et d'empêcher que de nouvelles régions où les intérêts des entreprises françaises sont nombreux ne tombent sous leur contrôle.
D'ailleurs, si les troupes françaises ont la gâchette facile face au MPIGO ou au MJP, elles ont une attitude beaucoup plus complaisante lorsque des forces gouvernementales ou des mercenaires à la solde de Gbagbo traversent leurs lignes et perpétuent des massacres dans les zones tenues par la rébellion. Au cours de la dernière semaine de décembre, des hélicoptères de combat ont pu ainsi franchir en toute impunité, et à deux reprises, le dispositif français dans l'ouest du pays. Ces raids, qui ont fait au moins 23 morts parmi les populations civiles, ont provoqué une violente réaction des mouvements d'opposition au nord comme à l'ouest. Ceux-ci ont menacé, si de tels faits se reproduisent, de déclencher une offensive généralisée contre les troupes françaises.
En choisissant d'intervenir directement dans ce conflit, le gouvernement français n'a donc contribué ni à rétablir la paix, ni à protéger les populations des bandes armées. Au contraire. En voulant défendre les intérêts de ses trusts dans la région, il a créé des tensions supplémentaires et multiplié les risques de nouveaux bains de sang.
Les militants soucieux des intérêts des populations ivoiriennes ne peuvent que réclamer le retrait immédiat des troupes françaises de Côte-d'Ivoire !