C'est au détour d'une phrase prononcée le 7 janvier lors de la cérémonie des voeux aux forces armées que Chirac a demandé aux militaires français de " se tenir prêts à toutes éventualités ", en particulier en cas de guerre contre l'Irak.

De fait, bien que Chirac ait répété le même jour, cette fois devant le corps diplomatique, son opposition à une action " unilatérale ", autrement dit à une attaque américaine sans décision de l'ONU, il lui est de plus en plus difficile de couvrir de ce voile hypocrite la position du gouvernement français. Le but des gesticulations françaises pour obtenir qu'une intervention ne se fasse qu'" avec l'aval de l'ONU " se limite à ceci : si comme il est probable les dirigeants américains décident une intervention militaire contre l'Irak, les dirigeants français veulent avoir voix au chapitre. Ils veulent avoir leur part dans les décisions liées à cette intervention et dans les décisions sur ce que sera ensuite le régime de l'Irak, y compris éventuellement leur part dans les armées d'occupation. Les trusts français veulent avoir leur part dans les marchés qui pourraient résulter de cette guerre et, pour cela, il faut que l'armée française participe à l'action militaire contre l'Irak.

Et voilà comment, après avoir entretenu pendant des mois un flou artistique autour de ce que fera son gouvernement, Chirac se prépare à s'aligner aussitôt qu'il le faudra sur la position américaine. Il suffira sans doute d'une comédie diplomatique à l'ONU pour constater contre toute évidence que, décidément, l'Irak menace le monde de ses " armes de destruction massive " et qu'il faut donc écraser sous les bombes ce pays et ses habitants.

Une telle opération ne sera rien d'autre qu'une opération de brigandage impérialiste, une opération dans laquelle les dirigeants américains ne chercheront même pas à donner une quelconque vraisemblance à leurs prétextes. C'est à cette opération qu'un Chirac estime nécessaire de préparer l'armée française, du reste familière des interventions impérialistes comme elle le montre en ce moment même en Côte-d'Ivoire.

Mais comme d'habitude, la principale contribution française sera de couvrir le massacre, les destructions, les calculs sordides autour des marchés d'armement et de ceux de la reconstruction, d'un pathos hypocrite sur le " droit international " ou la " démocratie " que l'on prétendra rétablir. Mais il ne s'agit de rien d'autre que de l'ordre impérialiste, de l'ordre des grandes sociétés capitalistes occidentales, pétrolières en premier lieu. C'est cet ordre qui est le premier responsable de la misère, des guerres et, au passage, des dictatures comme celle de Saddam Hussein, avec lesquelles les dirigeants occidentaux ne règlent parfois leurs comptes que pour en fabriquer d'autres.

Alors, non à la guerre contre l'Irak !