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- Lutte ouvrière n°1795
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EDF-GDF -Retraites : Les syndiqués et le personnel refusent l'accord syndicats-direction
L'accord entre les directions d'EDF et GDF, d'une part, et les fédérations syndicales (excepté FO), d'autre part, n'a pu avoir lieu. Sa signature - si signature il y a - est reportée au 9 janvier. Seules la CFDT et la CGC ont quand même tenu à apposer leur signature. Mais ni la CFTC, ni surtout la CGT - majoritaire -, qui pourtant y tenait beaucoup, n'ont signé.
C'est un désaveu pour les directions EDF-GDF, d'abord, pour le gouvernement qui se tient derrière et pèse sur les négociations, ensuite, mais aussi pour les fédérations syndicales - en premier lieu celle de la CGT - qui se sont prêtées à ces négociations désastreuses pour le personnel.
Le Journal du Dimanche du 15 décembre faisait état de 63 % du personnel en faveur de l'accord. Le 18 décembre, un sondage de la direction donnait 54,7 % de " pour l'accord ". Ça baissait. Ce qui n'empêcha pas Roussely, le président d'EDF, de déclarer péremptoirement à la radio que 80 % du personnel (puis, quelques instants après, le chiffre était descendu à 70 %) était favorable au projet d'accord. Depuis, la direction continue de faire des sondages. Tous les jours... Mais on en ignore les chiffres, sans doute devenus défavorables pour elle.
En tout cas il apparaît de plus en plus que le personnel est majoritairement contre la signature de l'accord. Soit parce qu'il est contre son contenu, soit parce qu'il estime ne pas avoir eu le temps de la réflexion, ni avoir été consulté d'abord.
La semaine qui a précédé le 20 décembre a été fertile en rebondissements. Le personnel a d'abord pris connaissance du texte épais, insipide et compliqué du " relevé de conclusions ", en essayant d'y comprendre quelque chose et d'y voir clair. Non seulement il y avait le texte, mais des tracts d'explication favorables ou défavorables. Les employés discutaient sans cesse.
Rapidement l'opinion s'est fait jour qu'il n'y avait pas de raison de signer ce projet d'accord. La direction a fait pression en organisant des réunions par groupes, dirigées par des chefs, avec vidéos à l'appui, pour tâcher de démontrer ce que cet accord avait de bien pour le personnel. L'opération n'a pas réussi. Au contraire, certains employés se sont dit que, si la direction faisait un tel effort, c'est que l'accord était sans doute excellent pour elle, mais donc pas pour le personnel.
Et puis en milieu de semaine des oppositions sont apparues publiquement au sein de l'appareil CGT. Des dirigeants fédéraux ont fait savoir qu'ils étaient en désaccord avec la ligne du secrétaire général Denis Cohen. Ces dirigeants n'étaient pas nécessairement contre la signature, mais ils demandaient une véritable consultation préalable du personnel. Cela a donné lieu à une série de communiqués et de contre-communiqués des dirigeants fédéraux. Jusqu'au vendredi 20 décembre, jour prévu de la signature, personne parmi le personnel et les syndiqués ne savait ce qu'allait décider le courant représenté par Cohen.
Ce revers, que les dirigeants syndicaux espèrent momentané, conforte évidemment tous ceux qui sont hostiles au projet d'accord, mais les directions d'EDF et GDF et la tendance fédérale pro-signature vont tout faire pour " emporter le morceau " le 9 janvier.
Les grandes manoeuvres ont déjà commencé. La fédération et la presse ont déjà fait état d'un vote favorable pour la signature des agents EDF à Lille et à Perpignan. Peut-être, car en fait nous n'en savons rien. Mais d'autres consultations ayant déjà eu lieu ailleurs ont donné une écrasante majorité contre le projet d'accord, sans que quiconque en parle. L'opération qui consiste à influencer l'opinion en prétendant que les jeux sont faits continue donc.
Le plus gros risque est la consultation elle-même, pour laquelle la fédération a annoncé qu'elle allait demander l'avis des 280 000 agents actifs et retraités.
Cela paraît démocratique de consulter tout le monde, et notamment les retraités, sur un problème de retraites. Mais c'est exactement l'inverse. Les retraités actuels gagnent dans cet accord quelques avantages très minimes : relèvement de coefficient et de taux des pensions de reversion, dans les cas où le régime général était plus favorable que celui d'EDF-GDF. Et eux n'auront rien à perdre. En revanche le personnel en activité, lui, perdra, sur le relèvement des cotisations, sur l'alignement d'ici quelques mois sur la retraite après 40 ans de cotisations, etc. Et que se passerait-il si la majorité des actifs étaient contre l'accord, et la majorité des retraités pour ?
Et puis, s'il est plus ou moins possible de contrôler le vote dans chaque centre EDF-GDF, qui contrôlera celui des retraités ? Et même qui les informera correctement au préalable ? On voit donc clairement se dessiner l'arnaque au référendum du début janvier.
Mais l'affaire n'est pas jouée. Le personnel ne s'est pas laissé manoeuvrer une première fois ; il pourrait, espérons-le, déjouer la manipulation qui s'annonce. C'est en particulier dans les milieux syndiqués à la CGT, et ceux qu'elle influence, que se situe l'opposition la plus vive à l'accord. Il reste quelques jours à ceux qui considèrent l'accord comme ce qu'il est, une trahison, pour trouver la parade, c'est-à-dire se mobiliser.