Dans la petite ville de Bléré, la fonderie Valfond, propriété de l'Union des Banques Suisses, est l'une des dernières entreprises industrielles de quelque importance. Ses 305 salariés ont connu depuis plus d'un an de six à dix jours de chômage partiel chaque mois, et donc d'importantes pertes de salaires. Après avoir menacé de déposer le bilan, la direction de l'entreprise évoque à présent le possible rachat par les propriétaires d'Automotiv Parts Manufacturing, sans que les salariés n'aient évidemment la moindre possibilité de mesurer le sérieux de cette éventualité, ni ses conséquences.

Mais Valfond est aussi une entreprise où les ouvriers ont été exposés à l'amiante. Le " plan amiante ", qui fait certes la part belle aux patrons responsables des risques encourus, permet néanmoins aux travailleurs exposés de partir plus tôt en retraite. A Valfond, 75 ouvriers pourraient ainsi quitter l'usine, bien que, selon le PDG, l'administration contesterait le bien-fondé de l'application du plan amiante dans l'usine.

Ces tergiversations ont entraîné des protestations bien compréhensibles de la part des travailleurs concernés, mais elles ont aussi conduit le PDG à faire à la presse une déclaration d'un cynisme sans bornes. Il a en effet expliqué que les 75 départs du plan amiante permettraient de faire l'économie d'un plan social (et donc des dépenses qui y seraient liées...). " Il s'agirait pour nous d'une solution idéale ", a-t-il déclaré, exhortant les élus et les pouvoirs publics à lui " donner un coup de pouce " !

Le patron a trouvé tellement normal de se faire du fric, en exposant des salariés, qu'il ne voit même pas ce qu'il peut y avoir d'indécent à continuer à vouloir s'en faire en mobilisant à présent les fonds publics, sans même dire un seul mot des conséquences souvent dramatiques liées à l'exposition à l'amiante !