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Leur société
Chirac, le seul intouchable ?
La commission mise en place par Chirac lui-même après sa réélection à la présidence de la République pour " réfléchir sur le statut pénal du président de la République ", a communiqué récemment ses conclusions. Rien de bien neuf ni de très bouleversant sous le soleil des institutions de la bourgeoisie et de leurs serviteurs. Le président demeurera inviolable durant l'accomplissement de son quinquennat. Seuls des " manquements incompatibles avec l'exercice de son mandat ", ce qui est encore plus flou et plus vague que la précédente notion de " haute trahison ", qui était jusqu'alors le seul motif légal donnant la possibilité d'invalider un président de la République en France pourrait l'amener à devoir s'expliquer, voire à démissionner. Encore faudrait-il pour cela que le Parlement, les députés et les sénateurs dans leur majorité, en décide ainsi et proclame sa destitution.
On fait beaucoup de tintamarre, en particulier dans l'opposition, à gauche, autour de cette affaire. Certes, Chirac comme d'autres, a profité de sa situation - et profiter est un mot faible. Mais tous ceux qui s'insurgent contre l'impunité dont il bénéficie, " oublient " qu'eux-mêmes sont des " intouchables " à leur façon car il n'y a pas que Chirac qui est protégé légalement. Les députés le sont aussi, pas seulement parce qu'ils bénéficient de l'immunité parlementaire, c'est-à-dire d'une protection juridique. Mais surtout parce qu'ils ne sont pas responsables devant ceux qui les ont élus. Ils peuvent du coup tourner allègrement le dos à leurs engagements, et rester à leur poste d'élu jusqu'à la fin de leur mandat.
Et cela, sans parler de la possibilité qu'ils ont d'utiliser leurs relations ou les meilleurs avocats. Il en va de même pour les patrons qui peuvent décider de priver de leur gagne-pain les salariés, de leur faire prendre des risques dans leurs entreprises, en toute impunité.
En fait il n'y a pas qu'un intouchable en France. En plus de Chirac, ils sont nombreux.