Je suis bénévole aux Restos du coeur à Marseille depuis cinq ans et cette année la situation est encore plus difficile que d'habitude.

Les Restos sont ouverts quatre mois par an mais, pour ce début de campagne, nous ne pouvons pas inscrire toutes les personnes qui en auraient besoin. D'abord parce que nous sommes le plus souvent dans des locaux prêtés trop petits ou mis à notre disposition un seul jour par semaine. Mais aussi parce que le conseil d'administration qui dirige les Restos du coeur nous a annoncé que pour le premier mois nous allions avoir moins de nourriture que d'habitude à distribuer. Du coup dans le Resto où je suis nous avons inscrit 20 % de familles en moins.

Pourtant les gens que nous voyons aux Restos sont dans des situations de plus en plus difficiles : peu ou pas de ressources et des hébergements précaires.

Mais en plus, cette année, la direction des Restos nous a envoyé une directive proprement scandaleuse : les bénévoles doivent attribuer aux personnes sans-papiers la part minimum, sans se préoccuper du degré de dénuement dans lequel elles sont. Il faut savoir qu'aux Restos pour les familles qui ont très peu de ressources et qui donc dépendent énormément des distributions de nourriture nous attribuons des parts doubles ou majorées. Eh bien, la direction prend prétexte que pour les sans-papiers il est difficile de connaître leurs ressources pour leur donner le minimum.

Je ne suis pas la seule à être scandalisée par cette directive qui s'attaque aux plus pauvres et aggrave la discrimination et l'exclusion.