L'association qui gère le cabaret parisien du Moulin Rouge vient d'être condamnée à 10 000 euros d'amende et à des dommages et intérêts pour discrimination à l'embauche. La plainte émanait d'un jeune Sénégalais qui, en 2001, s'était vu refuser un poste de serveur en raison de sa seule couleur de peau. La gérante, condamnée elle aussi à titre individuel, avait déclaré sans se démonter aux inspecteurs du travail : " Le Moulin Rouge ne prend pas de Noirs en salle, seulement en cuisine ".

Cette condamnation ne risque certes pas de mettre sur la paille le Moulin Rouge, une entreprise qui emploie une centaine d'artistes, seize maîtres d'hôtel, 22 chefs de rang, 28 commis, six verriers, deux cavistes, deux chasseurs, une armada de cuisiniers, et dont le moins cher des menus coûte 130 euros (850 francs). Ses gérants peuvent faire le calcul qu'il vaut mieux verser - une fois tous les cinquante ans - un petit pourboire à la justice, que risquer de perdre quelques clients dont la cervelle est aussi bien garnie de préjugés que le portefeuille de billets de banque. Reste que la plainte et la décision de justice qu'elle a entraînée auront fait à ses responsables une publicité dont, pour une fois, ils se seraient bien passés.