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- Lutte ouvrière n°1791
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Dans les entreprises
Aventis (Vitry sur Seine) : Première grève en euros
A l'usine Aventis de Vitry-sur-Seine, depuis maintenant plus de 8 semaines, les 39 ouvriers postés de l'atelier d'extraction du secteur antibiotiques (bâtiment 10) observent un arrêt de travail de 4 heures par jour.
Dans chacune des 5 équipes, la grève est suivie unanimement et comme au premier jour. C'est d'ailleurs cette détermination et cette unanimité qui ont finalement contraint la direction à concéder une augmentation mensuelle de 45 euros pour chaque gréviste. Ceux-ci revendiquaient au départ 100 euros pour tous mais avaient, au bout de six semaines de grève, accepté la négociation sur la base de 45 euros minimum en affirmant qu'ils ne descendraient plus en dessous. C'est la direction qui a craqué !
Mais la direction n'est pas au bout de ses peines, car elle est maintenant confrontée à la demande du paiement des heures de grève. Les grévistes estiment en effet à juste titre que c'est la direction qui a fait durer le conflit par son intransigeance et qu'elle doit donc assumer le paiement des heures de grève. Le DRH et le directeur ayant refusé, la grève continue, toujours unanime.
La détermination des ouvriers de cet atelier suscite la sympathie de bien des travailleurs dans les autres secteurs de l'usine, tant dans les ateliers que les labos, même si cependant ce mouvement ne s'est pas étendu ailleurs.
Il faut dire qu'au mécontentement dû à une revalorisation des salaires inférieure en 2002 à l'augmentation du coût de la vie, est venu s'ajouter un très fort ressentiment contre la hiérarchie de l'atelier. Certains agents de maîtrise se comportent en effet d'une façon odieuse vis-à-vis des ouvriers : comportement raciste et attitude quotidienne méprisante, notamment vis-à-vis des jeunes très nombreux dans cet atelier du fait du passage d'intérimaires en CDI. Tout cela a lieu avec l'aval des ingénieurs qui se sont succédé ces dernières années.
C'est cette volonté de se faire respecter qui explique la détermination des grévistes. La direction, tant par ignorance que par souci de minimiser cet aspect pourtant essentiel dans le conflit, parle d'un " mal-vivre " dont il conviendrait de discuter après la reprise du travail. Les grévistes, eux, ont la ferme intention d'en discuter pendant qu'ils sont en grève, conscients que c'est leur unité dans la grève qui fait leur force.