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Israël : Non à la politique du " fait accompli " !
Vendredi 15 novembre, un commando palestinien a organisé une embuscade dans la ville d'Hébron en Cisjordanie, dans laquelle neuf soldats israéliens, dont un colonel, et trois colons armés accourus en renfort, ont été tués.
Cet acte de guerre qui cette fois s'en prenait directement aux troupes d'occupation israéliennes et à leurs supplétifs a déclenché le courroux des autorités gouvernementales qui, en guise de réponse, ont assuré, par la voix du Premier ministre Sharon, qu'il fallait " profiter de l'occasion pour créer des faits accomplis ".
En clair et dans la géographie de la ville d'Hébron, cela signifierait créer une " continuité territoriale " entre le caveau des Patriarches, lieu saint pour les juifs mais aussi pour les musulmans, et la colonie de Qiriat Arba qui jouxte Hébron. Si un tel projet était confirmé, des dizaines et peut-être même des centaines de maisons palestiniennes seraient détruites, leurs occupants expulsés pour que soit créé un corridor de sécurité permettant aux colons de circuler sans avoir à rencontrer des Palestiniens.
Il paraîtrait qu'un tel projet existe depuis longtemps. Cela est fort probable, et ce serait d'ailleurs une preuve parmi d'autres que la politique israélienne n'est que la planification d'actes coloniaux mis en oeuvre depuis des décennies par le pouvoir d'État israélien.
À cet égard, la situation à Hébron est très révélatrice. Dans cette ville où vivent 130 000 Palestiniens, résident aussi 500 colons intégristes, regroupés en différents points de la vieille ville. À chaque fois qu'un reportage montre des images de ces colons, on en voit toujours quelques-uns éructer contre les Arabes en tenant à leur égard des propos racistes, protégés qu'ils sont par les fusils de centaines de soldats qui risquent leur vie pour permettre à cette poignée d'intégristes fanatiques de psalmodier quelques prières.
Le journal Le Monde du 19 septembre rapporte quelques-uns des propos tenus par ces colons qui en disent long sur le mépris et la haine qu'ils témoignent envers les Palestiniens. " Il n'y a qu'à débarrasser le terrain sur 100 ou 200 mètres " dit l'un. " Et toi, tu les pousserais de combien les Palestiniens, de 100 ou 200 kilomètres ? " répond l'autre, et le troisième d'assurer qu'il vaudrait mieux " les dégager en Arabie Saoudite ou en Irak ".
La possible extension de la colonisation à Hébron divise, paraît-il, la classe politique israélienne. Les principaux représentants du Parti Travailliste qui ont récemment quitté le gouvernement Sharon montent au créneau pour faire entendre leurs différences. " Ce projet va nous pousser à déployer davantage de soldats pour assurer la sécurité des colons, ce qui va renforcer encore les points de friction, alors qu'il faudrait au contraire les diminuer ", s'est indigné Shimon Pérès, l'ex-ministre des Affaires étrangères de Sharon, et au demeurant un des principaux responsables du Parti Travailliste. Mais que n'a-t-il réglé le problème quand il était au pouvoir, bras droit de Rabin ou de Barak ?
Depuis les accords d'Oslo en 1993, Israël a multiplié par trois le nombre de ses colons et par deux celui de ses colonies qu'il a reliées les unes aux autres par un réseau de routes de contournement qui étouffent les Palestiniens. Les gouvernements de Rabin et de Barak ne furent d'ailleurs pas les moins actifs dans la mise en oeuvre de cette politique, puisqu'une véritable prolifération de colonies s'est produite sous ces gouvernements.
Aujourd'hui, les leaders travaillistes essaient de se refaire une virginité politique en disant (et encore bien timidement) vouloir s'opposer à la politique d'extension des colonies. Un nouveau venu dans la course à l'investiture du Parti Travailliste, le maire d'Haïfa, Amram Mitzna, que l'on présente comme pouvant être le représentant des travaillistes lors des prochaines élections, prônerait le retrait total des territoires. Mais lorsque l'on entend un autre dirigeant du même parti, Ben Eliezer, ex-ministre de la Défense de Sharon il y a encore quelques semaines, dire qu'il n'exclut pas de retourner à nouveau dans un gouvernement d'union nationale... après les élections, on se dit que rien n'a changé dans la politique du Parti Travailliste.