Le gouvernement et la violence à l'école : Des discours,et rien de plus15/11/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/11/une1789.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Le gouvernement et la violence à l'école : Des discours,et rien de plus

Ministre délégué à l'Enseignement scolaire, Xavier Darcos n'a rien trouvé de mieux pour lutter contre la violence à l'école... qu'un coup de bluff médiatique ! Une fois de plus, pourrait-on dire.

En dix ans, l'Éducation nationale a connu six plans d'action de lutte contre la violence scolaire, du plan Lang en 1992, aux différents plans Allègre, jusqu'au plan actuel qui, à vrai dire, ne contient pas grand-chose de nouveau.

Le ministre en place veut créer un « contrat de vie scolaire », développer des « classes d'ateliers-relais », multiplier les travaux d'intérêt général au collège ou au lycée, systématiser « l'exclusion-inclusion ». Ressortir les vieilles recettes inefficaces, cela ne coûte pas cher. Par exemple Darcos propose des « contrats de vie scolaire », entre l'élève, les parents et l'établissement. S'il mettait le nez hors de son bureau, il se rendrait compte que les enseignants, dans bien des établissements difficiles, n'ont pas attendu ses discours moralisants pour mettre en pratique cette demande et s'occuper des élèves en difficulté, en travaillant en contact avec les parents.

La réalité quotidienne, c'est qu'à chaque fois qu'il y a un problème à résoudre, de violence, d'agression, c'est l'ensemble des équipes éducatives (enseignants et vie scolaire) qui « gèrent » et « se débrouillent » avec les moyens du bord. Tandis que la direction de l'établissement, dans bien des cas, fait le dos rond et essaye d'étouffer l'affaire. Nombre de chefs d'établissement en effet ne veulent surtout pas faire de vague, en signalant les incidents, car ils risqueraient alors d'être mal notés par le rectorat et cela risquerait de nuire à leur mutation.

Personne n'est dupe des effets d'annonce du gouvernement. Les « recettes » de Xavier Darcos relèvent tout simplement de la supercherie. D'abord parce que l'école n'est pas un sanctuaire coupé du monde et ne peut régler à elle seule tous les problèmes de la société qui se répercutent en son sein. La violence à l'école est le reflet de ce qui se passe hors de l'école. La délinquance et la violence, qui ne concernent qu'une petite fraction de la jeunesse des banlieues populaires, se nourrissent de la misère et du relâchement des liens sociaux qui va avec.

La seule présence d'un personnel d'encadrement en nombre suffisant, dans les couloirs aux interclasses, dans les cours de récréation, dans les collèges difficiles permet d'anticiper et d'éviter bien des bagarres, des vols, des rackets, et de faire diminuer la violence. De plus, les établissements à taille humaine de trois à quatre cents élèves se révèlent être bien plus faciles à gérer et génèrent moins de problèmes que les collèges de six cents à sept cents élèves, voire de plus de mille, et qui sont encore trop nombreux.

Xavier Darcos n'ignore rien de tout cela, car cela relève du bon sens. Mais tout en faisant ses déclarations lénifiantes à la presse, il s'apprête avec son collègue Luc Ferry, à la tête d'un ministère dont le budget est en très nette diminution, à supprimer les postes de cinq mille six cents surveillants et vingt mille aides-éducateurs. Les conséquences de cette destruction d'emplois ne pourront qu'aggraver la situation dans bien des collèges et lycées de quartiers populaires et y rendre la situation plus explosive.

Alors, pour lutter efficacement contre la violence à l'école, il faudrait, bien sûr, dégager les moyens financiers, pour disposer des moyens humains et financiers à la hauteur des problèmes à résoudre. Et du même coup contribuer à atténuer aussi le chômage.

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