Guadeloupe : Le groupe Accor, trente ans de profits sur les travailleurs antillais15/11/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/11/une1789.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Guadeloupe : Le groupe Accor, trente ans de profits sur les travailleurs antillais

Le coprésident du groupe Accor, M. Pelisson, a annoncé que le groupe quitterait progressivement les Antilles. Il écrit notamment dans une lettre adressée au président de la République : « Nous sommes en effet convaincus de l'impossibilité, pour une entreprise privée d'hôtellerie et de tourisme, de rentabiliser même très modestement un investissement, quelles que soient les mesures d'aide possibles apportées par l'État. » Entre autres critiques, Pelisson continue : « Autre handicap, le coût du travail est de 4 à 5 fois supérieur à celui des îles de la région. » Après avoir dénoncé « l'agressivité du personnel », son « manque de formation » et... « d'amabilité », « le climat social détestable », il semble bien que la véritable raison soit ce « coût du travail », autrement dit les salaires.

Le salaire moyen dans l'hôtellerie aux Antilles est de 1 200 euros par mois. Certes, il est bien plus élevé qu'à Cuba ou à Saint-Domingue que les capitalistes de l'hôtellerie vantent aujourd'hui. Dans ces pays bien plus pauvres, le salaire mensuel ne dépasse pas... 76 euros

Autrement dit, après être resté près de trente ans aux Antilles, le groupe Accor considère que ses bénéfices ne sont plus assez importants. Ses dirigeants ont mis tout ce temps à se rendre compte des multiples « handicaps » à leur maintien aux Antilles dont ils font état maintenant. Pendant des années, ils ont réalisé des profits, ils ont bénéficié des mesures de défiscalisation, d'aides de toutes sortes, ils ont empoché de substantiels dividendes. Et maintenant, parce qu'ils ne font plus assez de profits, ils s'en vont !

Le coût du travail est trop élevé, mais on ne nous dit rien sur le salaire des cadres, directeurs et des revenus des gros actionnaires. Qui coûte le plus à la société ?

Accor a déjà vendu les trois hôtels qu'il exploitait en Martinique : celui du Diamant, et ceux des Trois-Îlets. En Guadeloupe, il s'apprête à faire de même, mais curieusement, Benjamin Cohen, membre du directoire de ce groupe, déclare : « Non, nous ne vendrons pas la Vieille Tour Sofitel », hôtel de luxe pour les hommes d'affaires et les riches. Cet hôtel vient d'être rénové, son personnel a eu une formation en partie financée grâce aux fonds européens. Ailleurs, Accor n'a évidemment rien fait en matière de formation de personnel qu'il traite aujourd'hui d'incompétent.

En réalité, c'est que l'auberge de la Vieille Tour rapporte gros. Le prix moyen d'une chambre est de 180 à 280, et même 300 euros en haute saison. Là il y a de l'argent à ramasser, là comme par enchantement, les employés sont compétents, pas agressifs, etc.

C'est donc bien pour masquer sa recherche de profits maximums qu'Accor a émi ses critiques contre les travailleurs antillais. Le groupe capitaliste pense ainsi que son départ et ses restructurations passeront plus facilement dans l'opinion.

En attendant, le groupe Accor se porte plutôt bien. Il affiche lui-même des profits de 474 millions d'euros dans l'exercice 2002 pour l'ensemble de ses activités.

L'exploitation des travailleurs et singulièrement ceux des pays pauvres comme Saint-Domingue, Cuba et ailleurs en est une des causes. Mais pendant près de trente ans l'exploitation des travailleurs de la Guadeloupe et de la Martinique ont aussi rempli ses coffres-forts.

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