Michelin : Chantage sur la mutuelle08/11/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/11/une1788.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Michelin : Chantage sur la mutuelle

Chez Michelin, depuis plus d'un an, les difficultés de trésorerie de la mutuelle des salariés s'aggravent et, malgré une hausse des cotisations, celle-ci ne peut plus faire face à ses obligations. Tandis que Michelin exerce un véritable chantage pour y imposer ses vues, ce sont les travailleurs, actifs et retraités, qui risquent d'en faire les frais.

Depuis plusieurs années la parité n'existe plus : la part patronale de Michelin est tombée de 50 à 40 %. La CFDT qui a géré la mutuelle pendant un quart de siècle a alors augmenté les cotisations. Mais cela n'a pas suffi. La CGT, majoritaire depuis les dernières élections professionnelles, a dû les augmenter à son tour de 20 %, mais sans parvenir à rééquilibrer les comptes.

Car bien d'autres causes s'accumulent. C'est surtout la baisse générale des remboursements de la Sécurité sociale qui augmente les charges de toutes les mutuelles. Il y a aussi la diminution continuelle des effectifs, mais par contre davantage de retraités. A tout cela s'ajoute l'obligation de constituer un fonds de réserve plus important, selon une directive européenne qui concerne toutes les mutuelles et les oblige à garder 20 % de leur budget annuel.

Après s'être désengagé depuis des années, Michelin a décidé brusquement de changer de politique, annonçant à la veille de l'assemblée générale de la mi-octobre qu'il acceptait de verser 1,5 million d'euros. Ce qui est dérisoire par rapport au nombre d'assurés, actifs et retraités, pour l'ensemble des usines Michelin en France.

La direction a envoyé un courrier à chaque salarié disant que c'est à prendre ou à laisser. Michelin joue sur le besoin de tous d'être remboursés. Sauf la CGT, les syndicats FO, CFDT et SUD acceptent les conditions de Michelin, à savoir qu'il faudra augmenter les cotisations des retraités de 15 % dans l'immédiat et encore plus les années suivantes. Il est question d'imposer une hausse des cotisations à partir du deuxième enfant. Il y aura aussi un système d'options pour les soins dentaires et l'optique qui nécessitera une augmentation supplémentaire des cotisations.

Mais qui donc pourra alors se les offrir ?

Les syndicats gestionnaires ont essayé jusqu'ici de maintenir la solution mutualiste, en faisant appel à la Mutualité française pour y souscrire une sorte de réassurance. Mais les conditions et les intérêts ont paru trop élevés, sans offrir de garanties suffisantes. C'est donc la solution de Michelin qui risque d'être appliquée et la mutuelle ressemblera de plus en plus à une assurance.

La situation de la mutuelle chez Michelin n'a rien d'exceptionnel. Il serait pourtant préférable pour les travailleurs que les cotisations dépendent non pas de l'âge, mais du salaire.

Partager