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Leur société
Le chômage augmente, mais Raffarin est satisfait
" La route de l'espoir est ouverte ", c'est par cette déclaration quelque peu déplacée que Raffarin a accueilli l'annonce du nombre de chômeurs officiellement recensés en septembre 2002 : 2 278 800 personnes, ce qui correspond à une simple stabilité par rapport au mois d'août. Il n'y a pourtant vraiment pas de quoi pavoiser, car depuis 20 mois le chômage est à la hausse. Sur les douze derniers mois, le nombre de chômeurs a augmenté de 6,7 %.
Cette déclaration est donc tout particulièrement mal venue. Si l'on prend les chiffres retenus par les organismes officiels internationaux, comme c'était le cas en France avant les refontes des indices, c'est-à-dire si l'on inclut les personnes qui ont travaillé 78 heures dans le mois, on assiste en réalité, sur un mois, à une augmentation de 0,7 % du nombre des chômeurs, soit 2 678 200 personnes.
Un des moyens employés, sous ce gouvernement comme sous celui de Jospin, est de faire pression sur les agents de l'ANPE pour aboutir chaque mois à des dizaines de milliers de radiations. Ces chômeurs disparaissent ainsi temporairement ou pour toujours des statistiques, avec les conséquences qui en découlent pour leurs droits.
En un mois, les seules radiations administratives, après contrôle, ont encore augmenté de 9,3 % et, sur un an, elles ont augmenté de 72,8 %. Le précédent record datait de juillet dernier : à cette date, sur un an les radiations avaient grimpé de 109 %.
Les premières victimes de ce chômage croissant sont les travailleurs en emploi précaire. En septembre, 36 000 travailleurs en fin de mission d'intérim, et 104 200 en fin de mission CDD, se sont inscrits comme demandeurs d'emploi, soit pour les derniers une augmentation de 6,5 % sur un an. Pour les intérimaires, il n'y a même pas besoin de la formalité des plans sociaux : les directions les font parfois avertir une heure avant la fin de leur mission, afin qu'ils travaillent jusqu'au bout à fond.
Ces suppressions d'emplois sont le résultat de la soif permanente de profits des patrons et de l'irrationalité de leur système, et elles touchent de plus en plus les travailleurs en postes dits " stables ", qui sont recensés dans les licenciements économiques. En septembre, 19 400 personnes se sont inscrites à ce titre à l'ANPE, soit une augmentation de 8,5 % en un an. La CGT a estimé à 48 175 les emplois supprimés entre juin et octobre. La cascade de plans sociaux annoncés à travers tout le pays, en ce moment, dans des centaines d'entreprises de toutes tailles, démontre que, moins que jamais, les travailleurs ne doivent faire confiance à leurs patrons pour les préserver du chômage.
Si les représentants des patrons revendiquent en ce moment, c'est d'ailleurs justement pour se plaindre du trop grand nombre de chômeurs... indemnisés. Ce n'est pas le chômage qui les inquiète, mais le fait que, malgré les dispositions en principe plus contraignantes du Pare, malgré l'augmentation continue des radiations, ce nombre ne fait que monter : il y aurait en fait 1 983 000 chômeurs indemnisés à l'heure actuelle, selon les tableaux de l'Unedic, dont 397 000 de plus depuis janvier 2001. Et de mettre en cause la réduction de la durée de travail nécessaire pour l'ouverture de droits à l'indemnisation, adoptée dans le cadre de ce Pare ; ou bien la non-dégressivité des allocations, instituée aussi à cette occasion.
Les instances de l'Unedic estiment à 3,6 milliards d'euros le déficit prévisionnel de l'assurance chômage, suite à l'augmentation du nombre de chômeurs, qui entraîne moins de rentrées de cotisations et plus de versements. Mais une autre cause, malgré la très légère remontée des cotisations décidée dernièrement, est le fait qu'en 2001 les patrons se sont octroyé de grosses diminutions de cotisations, au nom, disaient-ils à l'époque, des comptes bénéficiaires et des excédents de l'Unedic. Et le patronat voudrait maintenant diminuer le peu que les chômeurs reçoivent pour un temps limité, en commençant par revenir sur la non-dégressivité des allocations de chômage qui n'a même pas deux ans !
Alors, " l'espoir " des travailleurs ne peut être évidemment ni dans la politique de ce gouvernement, ni dans l'action du patronat, mais dans leur lutte pour imposer les mesures contraignant patrons et gouvernement à mettre un terme à ce chômage insupportable, subi par tous depuis maintenant des dizaines d'années.