À Esterra (1200 personnes), filiale des groupes Suez-Lyonnaise des Eaux et Vivendi Environnement, qui collecte et trie les ordures de la Communauté Urbaine de Lille, la grève a démarré le 28 octobre à l'appel de trois syndicats (CFDT, CFTC et FO), pour l'application de la grille de classification des salaires.

En effet une nouvelle convention collective nationale des activités du déchet est applicable depuis le 1er juillet. Nous réclamions l'application de cette grille, comme dans les entreprises parisiennes, ce qui correspond à une augmentation de 46 euros par mois. La CGT n'appelait pas, estimant que cette action était " prématurée, les négociations en cours n'étant pas arrivées à leur terme ".

Malgré la demande des dirigeants syndicaux, Pierre Mauroy, président de la Communauté Urbaine de Lille, et Martine Aubry, maire de Lille, ont refusé d'intervenir dans " un conflit interne à l'entreprise " !

Les trois dépôts (Wambrechies, Sequedin et Wasquehal) ont été bloqués jour et nuit. Vendredi 1er novembre, la police est intervenue au dépôt de Wambrechies. Mais cela a eu pour effet de renforcer la grève dans les deux autres sites. Et la CGT a appelé à deux jours de grève en signe de protestation. Dimanche 3, sur le marché populaire de Wazemmes, nous étions plusieurs à diffuser un tract pour expliquer les raisons de notre grève. En une semaine, beaucoup d'ordures commençaient à s'amonceler dans les rues de Lille et des communes voisines.

La direction exigeait la reprise du travail en préalable à toute discussion mais, devant la détermination des grévistes, elle a finalement accepté de négocier. Et après douze heures de discussions, elle lâchait la reconnaissance de la convention collective.

Mardi matin 5 novembre, aux piquets de grève, c'est dans la joie que nous avons décidé la reprise. Au-delà des augmentations de salaire obtenues, c'est la satisfaction d'avoir fait plier la direction pour obtenir notre droit.